Algérie : l’homme qui a vandalisé la statue à Sétif placé sous mandat de dépôt

Depuis quelques jours, l’Algérie est secouée par un fait divers : un homme s’est attaqué à la statue de la belle dame de Sétif, à l’aide d’un marteau et d’un burin. Une vidéo a été diffusée sur les réseaux sociaux, où l’on y aperçoit un homme barbu qui porte un qamis blanc. Précisions sur le profil de l’auteur, placé sous mandat de dépôt depuis ce mercredi.

Abbas A. a été filmé par des passants le lundi 18 décembre. © RmBuzz/Capture écran

Abbas A. a été filmé par des passants le lundi 18 décembre. © RmBuzz/Capture écran

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Publié le 20 décembre 2017 Lecture : 3 minutes.

Après 48 heures de garde à vue, Abbas A., présenté mercredi 20 décembre devant une juridiction de Sétif, a été placé sous mandat de dépôt. L’homme est à l’origine des actes de destruction et de vandalisme sur la statue d’ « Ain Foura » (« source jaillissante » en français). Selon des informations de sources locales, l’homme devrait être poursuivi pour destruction de biens publics, chef d’inculpation qui peut lui valoir entre deux mois et cinq ans de prison.

Les faits remontent au 18 décembre. Abbas A., qui arbore une longue barbe et une gandoura blanche, escalade le socle sur lequel repose cette statue représentant une femme nue. Il lui porte ensuite des coups à l’aide d’un marteau et d’un burin. L’homme est finalement maîtrisé par des policiers en uniforme, non sans avoir opposé une violente résistance.

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L’homme souffrirait d’une « déficience mentale à 100 % »

Ce monument emblématique de Sétif est depuis fortement dégradé au niveau du visage, des seins et des mains. Cet acte de vandalisme, qui avait été filmé par des passants, a déchaîné les passions en Algérie. L’action de cet homme, soupçonné d’être un salafiste au vu de son accoutrement, rappelle les destructions de monuments historiques perpétrés par des combattants de Daesh en Irak et en Libye ou par des jihadistes au Mali.

Le profil de cet homme, présenté officiellement comme souffrant d’une « déficience mentale à 100 % », se dessine petit à peu. Âgé de 34 ans, Abbas est originaire de Beni Oussine, une commune de la wilaya de Sétif. Marié en 2012 et père d’une petite fille de deux ans, l’homme vit avec son père, ses frères et sa grand-mère dans un appartement de deux pièces.

La statue de Sétif, défigurée par un individu le 18 décembre 2017. © DR.

La statue de Sétif, défigurée par un individu le 18 décembre 2017. © DR.

Abbas est un ancien militaire qui s’était engagé avec l’armée algérienne pour une durée de quatre ans. Il était alors basé à Tindouf, à l’extrême ouest du pays. Mais en 2012, sa vie est entièrement chamboulée. Il apprend la mort de sa mère à distance et ne parvient pas à obtenir d’autorisation pour assister à l’enterrement. Une semaine plus tard, il se rend enfin à Beni Oussine. Pendant sept jours, il passe le plus clair de son temps au cimetière, à en croire les témoignages de ses proches.

Un suivi psychiatrique

De retour à la base militaire, Abbas n’est plus le même homme. Ses supérieurs sont inquiets et finissent par le radier des rangs de l’armée. Il repart donc s’installer dans la région de Sétif et se fait suivre à l’hôpital psychiatrique d’Aïn Abessa. Mais sa santé mentale se détériore très vite et le 25 octobre 2013, diagnostiqué avec 80 % de déficience mentale, il obtient la carte d’handicapé avec mention « prioritaire ». Selon la loi du 8 mai 2002, relative à la protection et à la promotion des personnes handicapées, cette carte, octroyée par l’administration de la santé et des affaires sociales (DAS), lui donne le droit à des aides financières et à une prise en charge.

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Selon un reporter de la chaîne Echourouk TV, qui s’est rendu auprès de la famille, Abbas avait bonne réputation dans le quartier. « C’est un homme sans histoire, qui n’a jamais fait du mal à autrui », raconte ainsi une voisine. Elle explique également qu’il passait ses journées à la mosquée et qu’il avait été profondément touché par la mort de sa mère. D’autres voisins le décrivent comme un homme pieux et racontent qu’il souffrait beaucoup de sa situation de mal-logement.

Cependant, la raison précise de son acte reste encore méconnue. Ses voisins et sa famille n’ont pas pu apporter d’informations supplémentaires à ce sujet.

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La statue de Sétif, défigurée par un individu le 18 décembre 2017. © Capture écran/YouTube.

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