Maroc : les saisies de drogues dures en forte hausse, selon la police

En 2017, une opération d’envergure a permis la saisie de 2,8 tonnes de cocaïne brute au Maroc. En revanche, les cargaisons de cannabis sont en forte baisse. Explications.

Les locaux du Bureau central d’investigation judiciaire, près de Rabat, en 2016. © Abdeljalil Bounhar/AP/SIPA

Les locaux du Bureau central d’investigation judiciaire, près de Rabat, en 2016. © Abdeljalil Bounhar/AP/SIPA

ProfilAuteur_NadiaLamlili

Publié le 26 décembre 2017 Lecture : 3 minutes.

Quelques 97.688 personne sont été arrêtées pour des affaires de drogue en 2017, selon le bilan annuel de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), rendu public vendredi 22 décembre. Un chiffre en augmentation par rapport au précédent bilan établi par le même service en 2016. Quelque 90.000 personnes avaient été arrêtées cette année-là pour délits liés à la drogue, soit +12.3% par rapport à 2015.

Dans ces arrestations, ce sont celles liées aux drogues dures qui interpellent. En 2017, les hommes de Abdellatif Hammouchi, le directeur général de la sûreté nationale, ont saisi 2.844 tonnes de cocaïne contre 1.245 en 2016. Une saisie record, suite à une opération d’envergure menée par le Bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ) le 4 octobre.

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Ce jour-là, le FBI marocain avait annoncé la saisie de 2,8 tonnes de cocaïne brute dans les environs de Rabat. Treize personnes avaient été arrêtées dont des Maroco-Espagnols ou des Maroco-Néerlandais. La quantité saisie, d’une valeur de 25,8 milliards de dirhams (2,75 milliards de dollars), avait un taux de concentration de 93%. Du jamais vu, selon les agents du BCIJ, qui étaient habitués à un taux maximum de 72%.

Maroc connection

 » Depuis 2016, année pendant laquelle nous avons saisi 1,2 tonne de cocaïne au large de Dakhla, nous avons introduit des dispositifs de contrôle sophistiqués dans les ports et aéroports du royaume, qui ont permis ces saisies records « , explique une source autorisée à la DGSN. Le Maroc est reliée à l’Amérique latine à travers une seule liaison aérienne : Casablanca- Sao Paulo au Brésil. Trente cinq vols le connectent par ailleurs au reste de l’Afrique.

De plus en plus, les cartels de drogue basés en Amérique latine préfèrent la voie dite «africaine» pour acheminer leur marchandise en Europe. Cette dernière est transportée dans des bâteaux jusqu’à la façade atlantique de l’Afrique de l’Ouest, où elle est transbordée puis transportée par voie terrestre. Une partie de cette marchandise reste sur le continent mais la plus grand part est acheminée jusqu’en Europe, entre autres via « des mules » – des personnes qui la transportent dans leur estomac sous forme de capsules.

Les saisies d’héroïne augmentent dans une moindre mesure

Dans le rayon des drogues dures, le bilan de la police marocaine signale aussi l’augmentation des saisies d’héroïne. Plus de 21,84 kilos ont été saisis en 2017 contre 16,19 kilos en 2016, soit une hausse de 34%. Mais le Maroc n’est pas beaucoup exposé à cette drogue, assure la police. Celle-ci arrive de l’Asie, de l’Afrique de l’Est, mais aussi d’Europe. Elle atterrit à Tanger et Tétouan, au nord du Maroc, là où sa propagation a tout simplement suivi les réseaux de trafic du cannabis.

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En ce qui concerne le cannabis, justement, et contrairement aux drogues dures, les quantités saisies sont en forte baisse. En 2017, la police signale la saisie d’un peu plus de 60 tonnes de hashich, soit 46 tonnes de moins qu’en 2016 (106,8 tonnes saisies). « Nous avons développé une nouvelle approche proactive qui consiste à faire des descentes dans les fermes clandestines où le cannabis est fabriqué, dans le nord du Maroc », explique notre source. Grâce à cette approche, les quantités saisies en Europe – le Maroc est considéré comme le premier producteur de résine de cannabis – n’ont pas été spectaculaires cette année.

L’ecstasy inquiète

Même tendance baissière pour les saisies de psychotropes. Près de 941.082 unités ont été saisies en 2017, contre 1,289 million en 2016. Mais c’est un chiffre qui renferme un fait inquiétant, nous explique-t-on. Parmi ces psychotropes, l’ecstasy, une drogue de synthèse populaire chez les jeunes, est en augmentation. Elle arrive au Maroc de la Belgique et des Pays-Bas et atterrit à Nador, Oujda et Berkane. En 2017, près de 549.637 unités d’ecstasy ont été saisies, contre 481.646 en 2016.

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