Colombie : Les Farc ? Tout le monde s’en fiche !

Juan Manuel Santos, le sortant, avait axé toute sa campagne présidentielle sur les négociations de paix avec l’insurrection marxiste. Résultat ? Il est devancé au premier tour par Óscar Iván Zuluaga. Second tour le 15 juin.

Óscar Iván Zuluaga est arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle. © GUILLERMO LEGARIA / AFP

Óscar Iván Zuluaga est arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle. © GUILLERMO LEGARIA / AFP

Publié le 9 juin 2014 Lecture : 2 minutes.

Déjouant tous les pronostics, l’opposant Óscar Iván Zuluaga, poulain de l’ancien président Álvaro Uribe, a devancé Juan Manuel Santos au premier tour de l’élection présidentielle, le 25 mai : 29,25 % contre 25,69 % des suffrages. En axant toute sa campagne sur le processus de paix engagé à La Havane avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), la vieille guérilla marxisante, le chef de l’État sortant a-t-il commis une erreur ?

Le bilan de son mandat est mitigé : très positif en matière économique – le taux de croissance avoisine 4 % -, beaucoup moins en matière d’éducation et de santé. Pour s’assurer malgré tout une réélection triomphale, Santos a donc cru habile de promettre la paix. Or, à en croire les sondages, le sujet n’intéresse plus guère ses compatriotes. L’institut Gallup le classe au septième rang de leurs préoccupations, derrière le chômage, la santé, la délinquance, l’éducation, la corruption et la pauvreté.

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Zuluaga accuse son concurrent de trahison

Il faut dire que la guérilla se déroule désormais loin des villes et ne dérange plus grand monde. C’est d’ailleurs dans les régions où le conflit perdure – le sud et le sud-ouest du pays, ainsi que la côte caraïbe – que le sortant obtient ses meilleurs scores. "Santos n’a jamais été un bon candidat, les négociations avec les Farc devraient être terminées depuis longtemps", estime le journaliste hispano-colombien Miguel Ángel Bastenier. Zuluaga accuse pour sa part son concurrent de "trahison". Ex-dauphin du très conservateur Álvaro Uribe, Santos s’était en effet fait élire en 2010 en promettant d’intensifier la guerre contre les Farc. Mais, à peine élu, il leur avait tendu la main.

Le second tour, le 15 juin, s’annonce donc serré : tous les sondages placent les deux rivaux au coude-à-coude. "La majorité des uribistes a déjà voté. C’est un électorat convaincu, qui souhaite l’arrêt des négociations avec les Farc, commente le politologue Manuel Alcántara, de l’université de Salamanque. Santos semble disposer d’un potentiel de report de voix plus important, mais rien n’est joué."

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Un processus de paix, mais sous certaines conditions

Les deux finalistes ont naturellement conclu des alliances avec les candidats arrivés derrière eux au premier tour. Zuluaga a pour sa part obtenu le soutien de Marta Lucía Ramírez, la candidate du Parti conservateur arrivée en troisième position le 25 mai. Celle-ci est favorable à la poursuite du processus de paix, mais sous certaines conditions. Et c’est pourquoi Zuluaga s’est, sans états d’âme, aligné sur sa position concernant les Farc.

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Une stratégie qui pourrait lui faire gagner des voix parmi les 60 % d’abstentionnistes du premier tour qui ne souhaitent pas la réélection de Santos mais approuvent néanmoins les négociations de La Havane. Mais qu’en sera-t-il de ses propres électeurs farouchement opposés à la paix ? Verdict le 15 juin. 

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