Algérie : coup de frein dans les importations
Le gouvernement suspendra à partir de janvier l’importation de près de 900 produits. Certains patrons craignent un risque de pénurie.
L’Algérie, dont le déficit commercial s’élève à 9,5 milliards de dollars, revoit sensiblement sa copie en matière d’importations. Le ministère du Commerce, Mohamed Benmeradi, a annoncé le 19 décembre la fin du système des licences, deux ans seulement après leur introduction. Une mesure pour le moins inattendue puisqu’en mars dernier, le gouvernement, alors dirigé par Abdelmalek Sellal, élargissait le système de quotas d’importations à une douzaine de produits.
Faut-il y voir une volte-face orchestrée par le gouvernement d’Ahmed Ouyahia ? Au ministère du Commerce, on préfère parler de « changement de cap ». Le système des licences « a non seulement montré ses limites mais c’est aussi un système bureaucratique et manquant de transparence, sans compter qu’il a engendré parfois des problèmes d’approvisionnement », a expliqué Mohamed Benmeradi, lors de la présentation du nouveau dispositif d’importations à des cadres du ministère.
Seuls les véhicules de transport de voyageurs (tourisme ou bus) seront encore concernés par les licences d’importation. « Un contingent est prévu et il ne sera ouvert qu’au besoin », a souligné le ministre du Commerce.
Un objectif difficile à atteindre
La fin du système des quotas ne sonne pas le glas de la lutte contre les importations. Au contraire, en 2018, l’Algérie va durcir ses efforts puisque le pays a annoncé la suspension provisoire de l’importation de 45 familles de produits, soit 851 produits. La liste n’a pas encore été entérinée par le gouvernement mais on sait déjà qu’y figurent les fromages, les fruits, les légumes, les viandes, la robinetterie, la céramique et, entre autres, les tracteurs. Ce coup d’arrêt permettra une économie d’un milliard et demi de dollars, selon les pronostics du ministère concerné.
D’ici fin 2018, le gouvernement veut ramener la facture des importations à 30 milliards de dollars. Un objectif ambitieux et quasiment irréaliste lorsque l’on sait que le pays peine à inverser la tendance. Le montant des importations a effectivement été réduit de moins de deux milliards de dollars au cours de l’année, passant de 46,7 milliards fin 2016 à 45 milliards cette année.
Il est évident que pour des véhicules spécifiques, la pénurie existera
Pénuries en vue
Pour les producteurs algériens, la fin des quotas d’importation est une bonne surprise. « Les licences ont effectivement montré des limites mais aussi des effets négatifs, notamment l’inflation mécanique des prix. Leur arrêt est une bonne décision pour l’ensemble de l’économie du pays », estime Sefiane Hasnaoui, président de l’Association des concessionnaires automobiles algériens (AC2A) et PDG de Nissan Algérie.
Mais l’interdiction de l’importation de certains produits risque d’engendrer des difficultés d’approvisionnement. C’est le cas notamment dans le secteur automobile. « Il est évident que pour des véhicules spécifiques, la pénurie existera, sauf à assurer un contingentement de véhicules régulier et maîtrisé. L’Algérie ne pourra pas couvrir 100 % des besoins en automobile, c’est certain », admet Sefiane Hasnaoui.
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