Mesure ciblant les Tunisiennes : les Emirats craignent un attentat, selon Tunis
La mesure prise par les Emirats arabes unis à l’encontre des voyageuses tunisiennes, à l’origine d’une vive controverse, est due à la crainte d’un attentat pouvant être commis par des femmes titulaires d’un passeport tunisien, a affirmé lundi la présidence tunisienne.
![Saïda Garrach, porte-parole de la présidence tunisienne, a indiqué lundi à la radio Shems FM « une possibilité d’attentat terroriste ». © FETHI BELAID / AFP](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2017/12/25/mesure-ciblant-les-tunisiennes-les-emirats-craignent-un-attentat-selon-tunis.jpg)
Saïda Garrach, porte-parole de la présidence tunisienne, a indiqué lundi à la radio Shems FM « une possibilité d’attentat terroriste ». © FETHI BELAID / AFP
Dimanche soir, la Tunisie a annoncé avoir suspendu les liaisons quotidiennes de la compagnie aérienne Emirates en raison de l’imbroglio persistant autour du droit des femmes tunisiennes à embarquer sur des vols à destination des Emirats.
Les autorités tunisiennes parlent d’ «une interdiction faite aux Tunisiennes de se rendre aux Emirats» qui les a obligées à intervenir à plusieurs reprises au cours des derniers jours en soutien à leurs ressortissantes, à Tunis mais aussi à Abou Dhabi et Beyrouth.
Les Emirats ont, eux, évoqué des questions de « sécurité » et des mesures « spécifiques et temporaires », sans aucune autre explication.
« Il y a des informations sécuritaires sérieuses chez les autorités émiraties sur la possibilité d’attentats terroristes », a dit la porte-parole de la présidence tunisienne, Saïda Garrach, sur les ondes de la radio Shems FM.
« Les données qu’elles ont, c’est que dans le cadre du retour des combattants (jihadistes) et leur sortie de Syrie essentiellement, et d’Irak », il existe « une possibilité d’attentat terroriste dans lequel seraient impliquées des femmes soit Tunisiennes soit porteuses d’un passeport tunisien », a ajouté Mme Garrach, laissant entendre que ces femmes pouvaient recourir à de fausses identités.
Pour Saïda Garrach, si la Tunisie peut « comprendre » les craintes émiraties, elle ne peut « accepter la manière dont les femmes tunisiennes ont été traitées ».
La compagnie Emirates a reçu « des instructions claires » pour interdire aux Tunisiennes l’accès à leurs avions, a-t-elle encore souligné.
« Discriminatoire »
Vendredi, selon plusieurs témoignages, les voyageuses du vol Tunis-Dubaï ont été informées par les agents d’Emirates que toutes les Tunisiennes, quel que soit leur âge, n’avaient pas le droit d’embarquer, sans la moindre explication.
L’ambassadeur des Emirats à Tunis a dû rapidement s’expliquer au ministère tunisien des Affaires étrangères. Il a alors assuré que l’interdiction avait été « levée », et les voyageuses ont finalement pu prendre part au vol pour Dubaï.
La situation s’est toutefois reproduite tout le week-end, y compris à l’étranger, bloquant à chaque fois les voyageuses pendant plusieurs heures avant que les autorités tunisiennes n’interviennent.
L’affaire a enflammé médias et réseaux sociaux en Tunisie. Plusieurs ONG et partis politiques ont dénoncé une mesure « discriminatoire » et demandé aux autorités tunisiennes de se montrer « fermes ».
Lundi, le chef de l’Etat Béji Caïd Essebsi a dit « veiller à ce que les droits de la femme tunisienne ne soient pas atteints, quelles que soient les justifications », selon un communiqué de la présidence.
Mais il a aussi chargé son ministre des Affaires étrangères Khemaïes Jhinaoui d’ »oeuvrer à dépasser ces problèmes le plus vite possible pour préserver les relations de fraternité et de coopération » avec les Emirats.
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