Nigeria : le premier producteur de pétrole africain à nouveau touché par des pénuries de carburant

Après plus de trois semaines de pénuries de carburant, le gouvernement met en cause « un mouvement d’achat panique » par les consommateurs, tandis que les sociétés importatrices de produits pétroliers raffinés critiquent le système de prix administrés, qui ne leur permet plus de dégager de marges bénéficiaires.

Des voitures font la queue devant le siège de la NNPC à Abuja, le 3 novembre 2015. © Sunday Alamba/AP/SIPA

Des voitures font la queue devant le siège de la NNPC à Abuja, le 3 novembre 2015. © Sunday Alamba/AP/SIPA

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Publié le 27 décembre 2017 Lecture : 2 minutes.

Le Nigeria est à nouveau frappé par des pénuries de carburant depuis près de trois semaines. Les automobilistes tentant de s’approvisionner malgré le manque forment des files d’attentes parfois longues de plusieurs kilomètres dans les grandes villes du pays. Comme ici, devant une station-service du centre-ville d’Abuja, à proximité du siège de la Compagnie pétrolière nationale du Nigeria :

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Des rumeurs de hausse prix

Selon le gouvernement nigérian, « les pénuries initiales ont été causées par des rumeurs de hausse de prix », conduisant à la constitution de stocks par les distributeurs et à un mouvement d’achat panique par les consommateurs, tandis que les réserves du pays étaient faibles.

Alors que la situation était « sous contrôle », l’administration accuse le syndicat des cadres de l’industrie pétrolière, qui s’est mis en grève le 18 décembre, d’avoir ravivé les pénuries. La Compagnie pétrolière nationale du Nigeria (NNPC) a depuis annoncé avoir lancé un plan pour mettre fin à ce manque de produits pétroliers, et multiplié les initiatives pour accroître la distribution de carburant à travers le pays.

La version gouvernementale contestée

La version gouvernementale est contestée par les importateurs de carburants. D’après une association regroupant les deux tiers des entreprises importatrices de produits pétroliers, le prix du carburant fixé à 145 nairas par litre par le gouvernement (environ 33 centimes d’euro) ne permet pas de couvrir les coûts d’importations dans un contexte d’une augmentation du prix mondial du baril.

Selon eux, la NNPC est depuis octobre 2017 la seule importatrice de carburant dans le pays, en l’achetant 170 nairas par litre, soit une subvention implicite de plus de 15 %, alors que le gouvernement avait supprimé ces aides. Dès lors, les pénuries de carburant sont liées au retrait des importateurs privés du marché, qui ne dégagent plus de bénéfice au prix actuel, d’autant que la situation de monopole de la NNPC sur l’approvisionnement en carburant pose des problèmes de distribution.

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Un problème récurrent au Nigeria

Ce problème est récurrent au Nigeria. D’après l’agence américaine d’information sur l’énergie (EIA), le Nigeria a consommé 266 000 barils par jour de produits pétroliers raffinés en 2015, dont 60 % était importé. Bien que les capacités de raffinage du pays atteignent 445 00 barils par jour, soit un niveau supérieur à sa consommation, les raffineries ne sont utilisées qu’à moins de 15 %.

Le groupe du milliardaire Aliko Dangote est ainsi en train de développer une raffinerie d’une capacité de production de 650 000 barils par jour à proximité de Lagos, qui devrait entrer en production dès la fin 2019. La NNPC, quant à elle, est en train de rénover ses installations de raffinage, en partenariat avec des groupes étrangers, et notamment ENI pour la raffinerie de Port Harcourt.

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