Accord de cessez-le-feu au Congo-Brazza : l’opposant Kolélas recadre le pasteur Ntumi
Au lendemain de la sortie médiatique du pasteur Ntumi, chef des miliciens Ninjas Nsiloulous, l’opposant et candidat malheureux à la présidentielle, Guy-Brice Parfait Kolélas, a recadré vendredi son ancien allié. Il l’a invité à ne pas lier le sort du Pool à la libération des prisonniers politiques au Congo-Brazzaville.
Hier encore, beaucoup les pensaient alliés, coalisés. Il n’en est rien. C’est en tout cas ce que laisse entendre Guy-Brice Parfait Kolélas, lorsqu’il répète ce vendredi 29 décembre : « Ntumi, c’est Ntumi. Kolélas, c’est Kolélas. » En réalité, l’opposant congolais ne partage pas la même lecture de l’accord de cessez-le-feu, conclu le 23 décembre, que celle du pasteur Ntumi, qui avait soutenu sa candidature lors de la présidentielle de mars 2016 au Congo-Brazzaville. « La pacification du département du Pool ne doit pas être liée au sort des prisonniers politiques », a-t-il ainsi martelé, joint au téléphone par Jeune Afrique.
La veille pourtant, dans un message sonore relayé notamment par RFI, le chef milicien Frédéric Bintsoumou, alias pasteur Ntumi, posait plusieurs préalables à l’accord signé, sans pour autant le remettre en cause. Il souhaitait notamment intégrer dans le contenu du texte de cessez-le-feu des questions concernant la libération des prisonniers politiques. Deux concurrents du président Denis Sassou Nguesso lors du dernier scrutin présidentiel, Jean-Marie Michel Mokoko et André Okombi Salissa, sont en effet détenus à Brazzaville depuis plusieurs mois.
Les populations du Pool doivent retrouver la quiétude d’avant », exige Guy-Brice Parfait Kolélas
« Ça n’a pas de sens ! » rétorque Guy-Brice Parfait Kolélas, député du district de Kinkala. Celui qui est arrivé deuxième à l’issue de la présidentielle du 20 mars 2016 maintient que ses électeurs dans le Pool « n’ont rien à avoir avec les prisonniers politiques. » « Soyons responsables : les populations de ce département doivent retrouver la quiétude d’avant les événements d’avril 2016 [début des affrontements entre les forces gouvernementales et les Ninjas Nsouloulous du pasteur Ntumi, NDRL], plaide l’élu. « Car aujourd’hui, lorsqu’on entre dans ce département, à partir du poste de péage de Nganga Lingolo jusqu’à Kinkala-centre, des villages alentours sont vides, des maisons détôlées. C’est la détresse », poursuit-il.
Commission ad hoc paritaire ou élargie ?
Si le pasteur Ntumi et Guy-Brice Parfait Kolélas ont finalement « pris acte » de l’accord de cessez-le-feu, ils n’ont en revanche pas la même vision de la suite des événements. Le premier voudrait qu’une « commission mixte et paritaire de travail » soit mise en place pour « corriger » le texte qui, dit-il, ne lui avait pas été soumis avant sa signature. Le second plaide, lui, en faveur d’un « élargissement de la commission ad hoc » déjà prévue dans l’accord.
En réalité, nous disons la même chose mais en des termes différents
« Il est plus que capital d’associer les élus locaux et nationaux dans la composition de la commission ad hoc, qui ne saurait ignorer des représentants de la communauté internationale », explique ainsi Kolélas au Premier ministre Clément Mouamba, dans une correspondance datée du 26 décembre et dont Jeune Afrique a pu consulter la copie.
« En réalité, nous disons la même chose mais en des termes différents », tente toutefois de nuancer le chef de l’UDH-Yuki. « L’accord trouvé constitue un grand pas vers la sortie de crise dans le Pool, ajoute-t-il. C’est pourquoi nous félicitons les signataires. Nous devons tous maintenant nous engouffrer dans cette ouverture pour aplanir les zones d’ombre qui persistent. »
Quid du dialogue politique ?
Levée des mandats d’arrêt, amnistie générale, réinsertion politique et socio-écononomique des insurgés, libération des prisonniers politiques, indemnisation des populations sinistrées, « dialogue national inclusif sous l’observation internationale »… Toutes ces questions restées sans réponses doivent être débattues entre des représentants des Ninjas Nsiloulous et ceux du gouvernement, selon le pasteur Ntumi.
Mais, une fois de plus, Guy-Brice Parfait Kolélas n’y adhère pas totalement. Il invite de son côté le président Denis Sassou Nguesso à convoquer le « Conseil national du dialogue », tel que prévu par la Constitution. Pour lui, c’est uniquement dans ce cadre que les questions politiques – notamment la libération des prisonniers politiques -, mais aussi d’autres problèmes liés à la crise économique, pourront être discutés. À la commission ad hoc qu’il souhaite élargie, la charge de se pencher sur l’indemnisation des populations du Pool ou sur la réinsertion des jeunes Ninjas qui sont retranchés dans la forêt.
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