Maroc : à Jérada, « les gueules noires » ne décolèrent pas

L’ancienne ville minière entame ce vendredi son septième jour de protestation. Les syndicats entrent en jeu. Mais aucun membre du gouvernement n’a encore mis les pieds dans cette ville déshéritée.

« Bribes de vie », une série photographique réalisée par le photographe Mehdy Mariouch sur les mineurs oubliés de Jérada en 2015. © YouTube/Mehdy Mariouch

« Bribes de vie », une série photographique réalisée par le photographe Mehdy Mariouch sur les mineurs oubliés de Jérada en 2015. © YouTube/Mehdy Mariouch

ProfilAuteur_NadiaLamlili

Publié le 29 décembre 2017 Lecture : 2 minutes.

La tension n’est pas prête de retomber à Jérada. L’ancienne capitale du charbon, située dans le nord-est du Maroc, a encore protesté ce vendredi 29 décembre après la mort accidentelle de deux de ses habitants, le 22 décembre dernier, dans un puits d’extraction de charbon.

Ce vendredi 29 décembre, quatre syndicats (Union marocaine du travail, UMT, Confédération générale du travail, CDT, Fédération générale du travail, FDT, et la Fédération nationale de l’Enseignement, FNE) ont appelé à une grève générale. À l’instar de la population, qui est descendue spontanément dans la rue, ils demandent « une alternative économique » à cette région marginalisée depuis la fermeture de la mine en 1998.

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Jérada a ouvert le premier bureau syndical du Maroc

Sur les réseaux sociaux, plusieurs habitants de la ville ont posté des photos montrant des échoppes fermées et des rues désertes pour cause de grève.

Pour les syndicats qui ont appelé à cette grève, Jérada n’est pas seulement une ville déshéritée. C’est tout un symbole. « C’est dans cette ville minière que fût créé, en 1946, le premier bureau syndical au Maroc, sous la houlette de la CGT française », explique à Jeune Afrique Houssine Bernat, représentant de l’UMT.

Cette centrale syndicale garde un souvenir particulier avec la ville du charbon : un de ses fondateurs, Taeb Ben Bouazza, en avait dirigé la section locale. Au moment de sa fermeture en 1998, la mine employait près de 7 000 ouvriers, qui se sont par la suite reconvertis dans d’autres petits boulots. Mais une partie a néanmoins continué à extraire le charbon d’une façon clandestine et artisanale.

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Jérada, j’y pense !

Le gouvernement, dirigé par les islamistes du Parti justice et développement (PJD), s’est dit « très préoccupé » par ce qui se passe dans cette ville, mais n’y a effectué encore aucun déplacement officiel pour dialoguer avec la population. À l’issue d’un Conseil de gouvernement du jeudi 28 décembre, le porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, s’est contenté de dire que les ministres « œuvrent de manière continue » pour la réalisation « des projets en cours ».

Selon plusieurs sources à Jérada, un sit-in spontané est à nouveau programmé ce vendredi soir dans la place El Amal, la place centrale de la ville.

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