Togo : comment Tikpi Atchadam mobilise ses militants à distance
La dernière participation du leader du Parti national panafricain (PNP) à une manifestation de la coalition de l’opposition remonte à un peu plus de deux mois. Invisible sur le terrain, Tikpi Atchadam continue cependant de jouer un rôle central, notamment via les réseaux sociaux.
Vendredi 29 décembre, il était aux côtés de ses collègues de la coalition de l’opposition togolaise à Accra, pour rencontrer le président ghanéen, médiateur dans la crise politique qui secoue le Togo depuis plusieurs mois. Une « médiation concertée animée par Alpha Condé et Nana Akufo-Addo » que Tikpi Atchadam, dans une vidéo de « vœux » publiée le 31 décembre sur les réseaux sociaux, a d’ailleurs saluée. Au passage, le leader du Parti national panafricain s’est félicité de la mobilisation aux manifestations hebdomadaires. « De l’impossible, l’alternance est passée à l’ordre du possible. Aujourd’hui, elle relève de l’imminence », a-t-il notamment lancé.
Des manifestations auxquelles Tikpi Atchadam n’a plus participé depuis le mois d’octobre. Les apparitions en public du leader du Parti national panafricain (PNP) se font en effet rares ces derniers mois. Mais même sans être dans les cortèges, il reste présent dans les têtes de ses militants et des manifestants auxquels il s’adresse régulièrement, via des messages vocaux d’encouragement relayés sur les réseaux sociaux.
Communication : quels canaux ?
Lorsqu’il est intervenu en direct sur les ondes d’une radio privée de Lomé, le 28 septembre dernier, presque tous les postes de la capitale étaient calés sur la fréquence de Taxi FM pour écouter ses réponses. A cette époque, admirateurs ou détracteurs souhaitaient en savoir un peu plus sur cet homme politique que beaucoup découvraient alors.
Les réactions ont d’abord été mitigées. « Il est clair que c’est un admirable tribun qui sait s’adresser au peuple », estime l’un de ses partisans. « Pour la première fois depuis dix ans, quelqu’un défie véritablement le pouvoir en place et nous fait rêver d’alternance », poursuit-il.
« Il n’y a aucun discours nouveau », juge au contraire un soutien d’un autre parti d’opposition. Du côté des partisans du pouvoir, on fait mine de ne pas s’en soucier. Mais un militant dénonce tout de même « l’inconséquence du leader du PNP, qui privilégie sa propre sécurité à celle de ses militants ».
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Lors de ce long entretien radio, Tikpi Atchadam cherchait à démontrer qu’en plus d’être un homme politique, il sait s’adresser à ceux des Togolais qui désirent voir du changement à la tête du pays.
Depuis, le leader du PNP se sert des réseaux sociaux pour s’adresser directement à ses militants, où qu’ils se trouvent. C’est ainsi qu’à la veille de chaque manifestation de la coalition de l’opposition, Tikpi Atchadam « encourage » les siens à poursuivre la lutte.
« Nous sommes arrivés à un moment de l’histoire de notre pays où il fallait choisir entre se soumettre ou se battre. Vous avez choisi en peuple vaillant de vous battre pour la liberté, socle de toute démocratie digne de ce nom », a-t-il ainsi déclaré dans un message audio relayé sur WhatsApp le mercredi 27 décembre, au premier des trois jours de manifestations de la semaine dernière.
Lieutenants sur le terrain
A l’absence physique du patron du PNP répond une stratégie de terrain. Les réunions publiques organisées par le Parti national panafricain font désormais partie du décor politique au Togo, mais elles se déroulent toujours sans son leader.
Ces « réunions hebdomadaires » rassemblaient il y a quelques mois à peine quelques dizaines de personnes. « Au début de la lutte, Tikpi lui-même venait nous livrer le fond de sa pensée politique », témoigne un militant du PNP. Depuis le début du mouvement de contestation, ces petites réunions se sont transformées en des meetings auxquels assistent des centaines de militants et de curieux, venus écouter les principaux lieutenants de l’opposant. Ces derniers tentent d’entretenir la flamme en l’absence de leur premier responsable, qui a choisi de se mettre à l’abri « pour des raisons de sécurité ».
Dans ces réunions, ou lors des manifestations, c’est Tchatikpi Ouro Djikpa, conseilleur du bureau national du PNP, qui fait office de suppléant de Tikpi Atchadam. Il s’est imposé à ce rôle après l’arrestation, en août, du secrétaire général du parti, le docteur Kossi Sama. Si ce dernier a été libéré le 28 novembre dernier, Tchatikpi Ouro Djikpa continue de jouer un rôle de premier plan, et transmet régulièrement les messages de Tikpi Atchadam aux militants.
La stratégie a fait ses preuves, la couleur rouge du PNP se faisant de plus en plus visible dans les cortèges de manifestants hostiles à Faure Gnassingbé depuis bientôt quatre mois. Résistera-t-elle à l’épreuve du temps ?
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