Nigeria : manifestation à Berue contre les violences commises par des éleveurs peuls

A Makurdi, capitale de l’État de Berue, un millier des personnes se sont rassemblées mercredi pour dénoncer les violences des éleveurs peuls à l’encontre des cultivateurs.

Un troupeau de vaches appartenant à des éleveurs peuls, à la nuit tombée. © Gilles Coulon

Un troupeau de vaches appartenant à des éleveurs peuls, à la nuit tombée. © Gilles Coulon

Publié le 3 janvier 2018 Lecture : 2 minutes.

Un millier de personnes se sont rassemblées mercredi 3 janvier dans la journée, dans la capitale de l’État de Benue, dans l’est du Nigeria. Ce rassemblement se fait en réaction aux tueries perpétrées par des éleveurs nomades peuls contre des cultivateurs, ont rapporté des sources locales à l’Agence France Presse.

Ces attaques qui ont eu lieu dans l’Etat de Benue lundi et mardi, ont fait plus de 20 morts selon le gouverneur Samuel Ortom, une cinquantaine selon la presse locale.

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Selon les propos d’une ONG locale, Community Links and Human Empowerment Initiative, associée au mouvement populaire, rapportées par l’AFP, les manifestants « ont d’abord bloqué l’autoroute avant de se rassembler sur un rond-point de Makurdi en brûlant des pneus ».

« Nous demandons à la présidence d’agir. Nous avons le sentiment que le président Muhammadu Buhari, qui est lui-même peul, aurait dénoncé ces massacres s’ils avaient été commis dans un Etat du nord », a-t-elle ajouté.

Le président réagit

Le président Buhari, lui même un Peul-Haoussa musulman du nord du Nigeria, ne s’est pas fait beaucoup attendre et a choisi de répondre dans l’après-midi par un communiqué. « Le président Buhari exprime son soutien au gouverneur Samuel Ortom », a rapporté la présidence dans un communiqué, notant « plusieurs morts et blessés » dans des attaques « folles et sans coeur ».

« Les services de sécurité adéquats ont déployés pour régler le problème et s’assurer que de pareilles attaques n’aient plus lieu », a ajouté le court texte.

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Déjà, mardi soir devant la presse, le gouverneur Orton avait demandé l’aide des autorités. « Les gens ont été massacrés comme des animaux, ce n’est pas acceptable  » avait-il alors déclaré.

Des violences répétées

Ces tueries ne sont inédites au Nigeria. Les affrontements sanglants entre agriculteurs chrétiens et éleveurs peuls musulmans sont fréquents. Ces éleveurs originellement nomades, se sédentarisent de plus en plus par manque de terres disponibles mais se trouvent souvent confrontés à ce type de violences dans des États à majorité chrétienne.

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Au Nigeria, c’est la ceinture centrale, qui s’étend de l’est à l’ouest du pays, qui est le théâtre de ces massacres. Elles surviennent habituellement entre décembre et mars, à la fin de la saison des pluies, alors que les éleveurs nomades arrivent en en grand nombre pour faire paître leurs milliers de têtes de bétails et que les cultivateurs commencent les grandes récoltes d’igname.

Déjà en février 2016, des violences entre les deux communautés avaient fait « des centaines de morts », selon les autorités locales.

Plus récemment, il y a un mois, au moins 30 éleveurs peuls ont été tués par des fermiers chrétiens dans l’Etat d’Adamawa, au nord de Benue, selon la police. Les représentants locaux établissent un bilan s’élevant à plus de 60 victimes, essentiellement des femmes et des enfants.

Des tueries « aussi dangereuses que l’insurrection de Boko Haram »

Les victimes de ces affrontements sont nombreuses, le think-tank International Crisis Group (ICG) rapporte 2.500 morts seulement en 2016 et des milliers de personnes déplacées qui ont dû quitter leur foyer.

« Ces tueries sont potentiellement aussi dangereuses que l’insurrection de Boko Haram », le groupe jihadiste qui sème la terreur principalement dans le nord-est du Nigeria depuis 2009, met notamment en garde l’ICG.

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