Sénégal : l’hebdomadaire Nouvel Horizon a tiré sa révérence

L’hebdomadaire généraliste Nouvel Horizon met la clé sous la porte ce vendredi après une aventure journalistique d’une vingtaine d’années. Une disparition symptomatique d’une presse sénégalaise dont le modèle économique n’est plus viable.

La dernière Une de l’hebdomadaire, finalement non disponible en kiosque ce 5 décembre. © D.R.

La dernière Une de l’hebdomadaire, finalement non disponible en kiosque ce 5 décembre. © D.R.

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Publié le 5 janvier 2018 Lecture : 2 minutes.

L’annonce de la cessation des parutions de l’hebdomadaire Nouvel Horizon a sonné comme un coup de tonnerre dans le ciel déjà sombre de la presse sénégalaise. Et pour cause. Ce magazine, lancé en 1996 à Dakar est parvenu, en une vingtaine d’années, à se tailler une place respectable au sein du paysage médiatique sénégalais. Informé, bien écrit, Nouvel Horizon pouvait souvent être autant équilibré qu’impertinent dans ses prises de position.

Alors que l’hebdo du quartier dakarois de la Sicap Liberté III ne paraîtra plus, son numéro 1053, qui devait paraître ce vendredi 5 janvier pour signer la fin de l’aventure n’a finalement pas été aperçu en kiosque. « Je ne sais pas ce qui s’est passé au niveau de l’imprimeur. De toute façon, il n’y a plus urgence », lâche Issa Sall, le directeur de publication, au travers d’un sourire philosophique, au bout du fil…

On voyait tous venir cette décision d’arrêter, on n’en connaissait simplement pas l’échéance

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Fondé par un groupe de passionnés de l’écriture et de l’actualité – parmi lesquels Abdoulaye Bamba Diallo, membre fondateur du journal satirique Le cafard libéré, qui en était le président, et Issa Sall, le directeur de publication –, le journal accordait une place de choix à l’information politique, tout en traitant l’actualité économique, culturelle, sociale et internationale. Ses colonnes accueillaient très souvent intellectuels comme éditorialistes réputés.

Planche Idy 1

Planche Idy 1

Le premier numéro de l’hebdomadaire, paru le 26 janvier 1996, titrait sur Ousmane Tanor Dieng, alors tout-puissant patron du Parti socialiste sénégalais, durant la présidence d’Abdou Diouf.

Un environnement économique particulièrement difficile

« La réalité économique générale ainsi que la conjoncture médiatique sont aujourd’hui vraiment très différentes de ce que l’on pouvait trouver il y a dix ans », explique Issa Sall. Nouvel Horizon fait aujourd’hui les frais d’un environnement économique particulièrement difficile pour l’ensemble de la presse écrite locale.

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Une situation notamment liée à la rude concurrence imposée par le numérique et les médias audiovisuels, dans un pays où plus de 50 % de la population est illettrée. Mais de manière plus générale, aucun pan de la presse sénégalaise n’échappe à cette crise structurelle du secteur.

Ouverts à « de nouvelles perspectives »

« De toute façon, on voyait tous venir cette décision d’arrêter, on n’en connaissait simplement pas l’échéance », commente un membre de la rédaction, réduite ces derniers mois à une quinzaine de journalistes, contre trente-cinq en temps normal.

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Le journal affichait un chiffre d’affaires d’environ 800 millions de FCFA et tirait à un peu moins de 10 000 exemplaires par semaine. Le nouveau Code de la presse sénégalais, adopté le 20 juin 2017 par la représentation nationale, dont certaines innovations économiques sont censées faire émerger de véritables entreprises médiatiques viables, attend toujours son entrée en vigueur.

L’aventure Nouvel Horizon est-elle bien finie ? Oui, en tout cas, dans son format actuel, selon son directeur de publication Issa Sall, qui ne ferme cependant pas la porte à « de nouvelles perspectives ».

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