Retour au calme à la frontière entre la RDC et le Rwanda

Le calme est revenu vendredi à la frontière entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, où les familles ayant fui les affrontements des deux jours précédents ont commencé à rentrer chez elles.

Des soldats de RDC patrouillent à Kimbumba, à 5 km de la frontière avec le Rwanda, le 13 juin. © AFP

Des soldats de RDC patrouillent à Kimbumba, à 5 km de la frontière avec le Rwanda, le 13 juin. © AFP

Publié le 14 juin 2014 Lecture : 3 minutes.

L’armée congolaise a néanmoins renforcé nettement sa présence dans la zone des troubles, selon trois journalistes de l’AFP arrivés sur les lieux dans l’après-midi.

Les troubles de mercredi et jeudi ont éclaté autour de la colline de Kanyesheza, à une vingtaine de kilomètres de Goma, capitale de la province congolaise du Nord-Kivu (est).

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Minée par les conflits depuis 20 ans, la région des Kivus (Nord et Sud) est particulièrement instable et a été le berceau de plusieurs conflits régionaux.

A Kibati, à une dizaine de kilomètres au nord de Goma, deux chars, une automitrailleuse et un véhicule de transport de troupes stationnent, bâchés, et ils rentreront à leurs base à la nuit tombée.

"C’est calme aujourd’hui"

Plus haut, sur le plateau de Kibumba, une vingtaine d’hommes du 321e bataillon commando s’apprêtent à ravitailler les positions avancées de l’armée congolaise à Kanyesheza, à cinq kilomètres de là. Ils rejoindront à pied leurs camarades.

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"C’est calme aujourd’hui", dit un officier supérieur, "les Rwandais n’ont pas tiré". Les journalistes ne seront cependant pas autorisés à aller jusqu’à la frontière où, selon l’officier, les lignes rwandaises et congolaises sont distantes de deux cent mètres environ et s’observent.

"Le moral est au zénith", ajoute-t-il, "nous mangeons trois fois" par jour. Selon des sources militaires, un bataillon, soit environ 750 hommes, a été déployé en renfort dans la zone.

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Les habitants rencontrés disent avoir globalement confiance dans l’armée pour les protéger, mais la vie économique tourne encore au ralenti. Le marché de l’entrée de Kibumba, d’habitude grouillant d’activité, est presque désert et plusieurs écoles n’ont pas ouvert leurs portes pour le troisième jour de suite.

Cinq corps remis à la RDC

A Buhumba, chef-lieu du groupement dont dépend Kanyesheza, les habitants des localités proches des combats qui étaient venus se réfugier sont sur le retour. Dans cette zone agricole dépourvue d’électricité, le trajet se fait à pied, sur des chemins accidentés bordés d’eucalyptus.

"Moi, je rentre parce que les autres sont déjà rentrés", explique Florence, une jeune femme. Selon le chef du groupement, Deo Makombe, il y a eu près de 2.000 déplacés. "La plupart sont rentrés", précise-t-il.

Leur arrivée n’a pas provoqué de perturbations massives, indique Jean Bizoza, 53 ans, expliquant qu’ils ont été hébergés par les habitants dans plusieurs villages alentours.

La RDC et le Rwanda, qui entretiennent des relations tendues depuis des années, se sont mutuellement renvoyé la responsabilité des affrontements de mercredi et jeudi, dont les causes restent encore obscures en l’absence d’explications de sources indépendantes.

Combats à l’arme lourde

Après plusieurs heures d’échanges de tirs à l’arme automatique mercredi à l’aube, les choses avaient dégénéré en combats à l’arme lourde dans l’après-midi.

La situation avait commencé à s’apaiser jeudi, des tirs d’armes lourdes avaient été entendus pendant une demi-heure en début de matinée mais n’avaient été suivis d’aucun autre incident.

La télévision rwandaise a diffusé des images de cinq cadavres portant l’uniforme des FARDC, l’armée congolaise. Kinshasa a dénoncé une manoeuvre de propagande, affirmant n’avoir perdu qu’un soldat dans les combats.

Le Mécanisme conjoint de vérification (JVM), organisme de surveillance de la frontière congolo-rwandaise auquel participent la RDC, le Rwanda, d’autres pays de la région et l’ONU, a enquêté jeudi après-midi sur les lieux des incidents.

Une source au sein du JVM a déclaré vendredi à l’AFP que les cinq corps avaient été remis jeudi soir à la RDC.

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