RDC : le maire de Kananga accusé d’avoir violenté des militants de la Lucha

Des militants du mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha) accusent le maire de Kananga de les avoir séquestrés et violentés dans son bureau. Incarcérés depuis leur arrestation fin décembre, ils doivent être présentés mardi devant un magistrat.

Arrestation d’un manifestant à Kinshasa, le 19 janvier 2015. © John Bompengo/AP/SIPA

Arrestation d’un manifestant à Kinshasa, le 19 janvier 2015. © John Bompengo/AP/SIPA

Publié le 8 janvier 2018 Lecture : 3 minutes.

Onze militants de la Lucha ont porté plainte contre l’édile de Kananga, Muamba Kantu Kanjila, pour « séquestration, arrestation arbitraire, tortures, et coups et blessures ». Des faits qui se seraient produits le 29 décembre dernier dans la foulée de leur interpellation par la police congolaise.

« Mes clients avaient prévu de manifester pendant trois jours pour réclamer le départ de Joseph Kabila, explique à Jeune Afrique leur avocat Me Oscar Mukengeshayi. Mais ils ont été interpellés par la police en vertu d’un arrêté du maire, qui interdit toute manifestation depuis novembre dernier. »

Le maire aurait notamment asséné un coup de tête à l’un des militants

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Passage à tabac

Selon la plainte déposée le 5 janvier, les forces de l’ordre ont ensuite conduit les militants jusqu’à la mairie de Kananga. Là, deux d’entre eux ont été séparés du reste du groupe pour être emmenés dans le bureau de l’édile, où se trouvait également le chef local de la redoutée Agence national de renseignements (ANR). Le début d’une séance de passage à tabac, au cours de laquelle le maire aurait notamment asséné un coup de tête à l’un des militants. « Ils portent encore les traces de ces coups », affirme Me Oscar Mukengeshayi.

Au besoin, personnellement, je vous mettrais au froid et cela suffirait pour mettre fin à votre vie sur cette terre

« Si vous ne cessez pas de manifester contre Joseph Kabila, je donnerais l’ordre au service de l’ANR pour qu’elle s’occupe de vous, aurait alors menacé l’édile. Et, au besoin, personnellement, je vous mettrais au froid et cela suffirait pour mettre fin à votre vie sur cette terre, car je ne peux pas vous laisser manifester contre celui qui m’a donné du travail. »

Le démenti de l’édile

Des accusations farouchement niées par l’intéressé, qui a affirmé à Radio Okapi « ne pas avoir séquestré les militants de la Lucha ». « Je ne peux pas accepter que l’on puisse calomnier une autorité que je suis par les membres de la Lucha et leur avocat », a-t-il déclaré, en reconnaissant toutefois avoir rencontré certains militants « en présence de beaucoup de personnes ».

Suite à leur arrestation, les militants ont été placés en détention provisoire au titre de l’article 135 bis du code pénal congolais, qui prévoit une peine de deux mois à trois ans de prison pour « quiconque aura provoqué directement à désobéir aux lois ». « L’article 26 de la Constitution garantit la liberté de manifestation, s’indigne Me Oscar Mukengeshayi. Ils n’ont violé aucunes lois. »

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En attendant d’être fixés sur leur sort, les onze militants observent une grève de la faim et seraient « tous malades ». Une audience est prévue mardi matin au tribunal de Kananga.

À Kinshasa, inquiétudes autour du sort de cinq activistes de Filimbi


Cinq activistes du mouvement Filimbi sont en détention depuis plus d’une semaine dans la capitale de la RDC. Ils ont été arrêtés le 30 décembre dernier par des éléments de l’Agence nationale de renseignements (ANR), alors qu’ils faisaient du porte-à-porte pour sensibiliser les habitants sur la marche du 31 décembre.

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Accusés « d’outrage au chef de l’État et incitation à la révolte », les cinq activistes ont d’abord été détenus à l’inspection provinciale de la police de Kinshasa, avant d’être transférés le 1er janvier dans les locaux de l’ANR. Une détention qualifiée « d’irrégulière et d’illégale » par leur avocat, Me Chris-Sam Kabeya, joint par l’Agence France-Presse.

L’un des responsables du mouvement Filimbi (« sifflet » en swahili) a fait part de ses inquiétudes « quant à l’état de santé des militants ». « Depuis lundi (1er janvier), ils n’ont plus été ravitaillés en nourriture et en eau potable », a-t-il indiqué à l’AFP.

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