Soudan : conforté à l’étranger, Omar el-Béchir serre la vis à l’intérieur
Alors qu’il s’emploie à plaire aux grandes puissances, le président soudanais se montre ferme sur le plan domestique. Conforté à l’international, Omar el-Béchir ne semble pas près à l’écoute et au compromis, alors que des manifestations ont éclaté après l’augmentation du prix du pain.
Dans le même temps, le chef de l’État s’emploie à améliorer ses relations avec les grandes puissances. En novembre dernier, lors de son voyage à Moscou, il aurait expressément proposé aux autorités russes d’installer une base militaire dans son pays. Une installation à terme d’une telle base dans le pays dont la façade Est donne sur la mer Rouge qui n’est pas à exclure, selon plusieurs spécialistes.
Et récemment, Omar el-Béchir ne s’est pas contenté de draguer Moscou. Dans la foulée de son voyage en Russie, il a rendu visite à son vieux rival tchadien, le président Idriss Déby Irno, réputé proche des chancelleries occidentales.
Depuis deux ans, le président soudanais peut aussi compter sur le soutien de Riyad. Délaissant ses oripeaux anti-impérialiste, il a annoncé la participation de l’armée soudanaise à l’opération « Tempête décisive » au Yémen, lancée sur initiative saoudienne en 2015. Le Soudan a ensuite rompu ses relations diplomatiques avec l’Iran, en 2016. Des promesses d’investissements ont alors été faites par Riyad.
Fin décembre 2017, ce fut au tour du président turc Recep Tayyip Erdogan de rendre visite à son homologue soudanais et de signer avec lui différents accords, notamment économiques et militaires.
Instrumentalisation de la question migratoire
Enfin, Omar el-Béchir se montre coopératif avec les Occidentaux en matière de lutte contre les migrations, notamment au travers du Processus de Khartoum enclenché en 2015. Le fait est d’ailleurs régulièrement dénoncé par des associations occidentales et africaines, qui s’alarment quant aux conséquences possibles pour les migrants.
Dernier exemple en date de cette politique : le 6 janvier, le Soudan a justement annoncé la fermeture de la frontière avec l’Érythrée, dans le Kassala, où l’état d’exception avait été annoncé quelques jours plus tôt, pour des raisons sécuritaires selon l’agence de presse soudanaise Suna.
« En réalité, il s’agit bien d’un point de passage de personnes qui fuient l’Érythrée et remontent depuis le Soudan vers les côtes. C’est un geste fait en direction des Occidentaux, qui parlent d’immigration avec Khartoum », précise le politologue américain.
Plus largement, « sur la question migratoire, on remarque une corrélation inquiétante entre des comportements brusques et des volontés de plaire aux partenaires européens », estime pour sa part Marc Lavergne, directeur de recherche au CNRS et spécialiste de la Corne de l’Afrique.
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