Algérie : la contestation des médecins résidents ne faiblit pas

Ils demandent une réforme du service civil, avec une dispense du service militaire, à l’instar des autres Algériens. Le gouvernement s’engage à améliorer leurs conditions de travail.

Marche national des médecins résidents à Oran © Facebook

Marche national des médecins résidents à Oran © Facebook

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Publié le 10 janvier 2018 Lecture : 3 minutes.

Le mouvement des « médecins résidents » persiste et résiste en Algérie. Mardi 9 janvier, une marche s’est tenue dans la ville d’Oran (Nord-ouest). Des centaines de manifestants venus des quatre coins de l’Algérie sont venus affirmer leurs revendications concernant l’abrogation du caractère obligatoire des services civil et militaire.

Cette marche est en fait le deuxième rassemblement national du mouvement qui souhaite en organiser d’autres selon un rythme hebdomadaire. Si celle de mardi s’est déroulée dans le calme, la première qui a eu lieu au départ de l’hôpital universitaire Mustapha Pacha d’Alger, mercredi 3 janvier, a été violemment réprimée par les forces de l’ordre.

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« Cette fois-ci nous avons littéralement été escortés par la police, les autorités voulaient s’assurer que rien ne vienne perturber l’ordre et le bon déroulement de la marche », raconte un résident en chirurgie générale dans un des CHU d’Alger, qui s’est rendu à Oran pour participer à la marche. Lui qui était aussi au premier rassemblement national organisé à Alger raconte qu’aucun agressivité n’a émané des manifestants.

Une stratégie de grève progressive

Le mouvement de grève a été graduel : les médecins résidents ont d’abord opté pour une grève cyclique, qui se tenait tous les lundis et les mardis dans chaque hôpital du pays. Mais désormais, ils n’assurent plus que le service minimum (les services d’urgence) et sont appelés tous les jours au piquet de grève.

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Plus récemment, les étudiants en dernière année de résidanat ont décidé de boycotter l’examen final des études médicales spécialisées, le DEMS. Ce sont ces mêmes étudiants qui, au terme de l’examen, seront obligés d’effectuer leur service civil. Ils sont appelés à exercer dans un établissement de santé qu’ils devront choisir en fonction de leur classement. Toutefois, très peu de places sont accordées dans les grandes villes du nord et de nombreux postes sont disponibles dans le sud et les Hauts-Plateaux, dont une partie reste souvent vacante.

La durée de ce service varie en fonction de la zone géographique à laquelle est affectée le médecin, plus la zone est au sud ou dans une zone reculée, moins la durée d’affectation est longue.

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Le service civil, le point de discorde principal

La revendication principale de ce mouvement porte sur l’aménagement de ce service civil : « Nous désirons la suppression du caractère obligatoire du service civil et que le gouvernement mette en place des dispositions incitatives tels que des primes financières mais surtout qu’il offre les conditions matérielles et techniques propices à l’activité médicale »,  expliquent les médecins résidents.

 Utiliser le service civil pour combler temporairement les déserts médicaux, ce n’est pas une solution

Un médecin spécialiste fraîchement diplômé ne peut assurer à lui seul le fonctionnement d’un établissement de soins ou d’un service entier et ce, sans le plateau technique adéquat. « Utiliser le service civil pour combler temporairement les déserts médicaux, ce n’est pas une solution », enchaîne une jeune résidente dans un hôpital d’Alger. 

Si les médecins parlent de « conditions de travail précaires » dans les grands villes, ils s’accordent pour dénoncer des conditions encore plus déplorables au sein des structures de santé du Sud et de ses Hauts Plateaux, dont ils demandent l’amélioration en priorité.  « Il faut que les citoyens de ces zones-là comprennent que ce mouvement ne vise pas à les abandonner mais à améliorer leurs conditions de soins » explique la résidente.

Un discours qui peine à convaincre

Sans encadrement et sans matériel suffisants, certains médecins sont souvent tenus pour responsables de la détérioration de la santé des malades. Cet été, un gynécologue affecté à un hôpital de la wilaya de Djelfa dans le cadre du service civil a, par exemple, été condamné à une peine de prison ferme suite à la mort d’un patient.  

Dans son allocution à la télévision nationale, lundi 8 janvier 2018, le ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière, Mokhtar Hasbellaoui a nié que le service militaire soit un échec.

Quant au service civil, il a déclaré qu’il « garantit une couverture sanitaire du territoire nationale en fournissant des médecins de toutes les spécialités. » Toutefois il a promis d’augmenter les revenus et d’améliorer les conditions de travail des résidents, ainsi que de leur permettre d’avoir une activité complémentaire,  c’est-à-dire de les autoriser à exercer dans des structures de santé privées en complément de leur activité dans le public.

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