Le Sénégal en deuil après la mort du khalife général des mourides
Serigne Sidy Mokhtar Mbacké est décédé dans la nuit de mardi à mercredi à l’âge de 94 ans. Le septième khalife général de la confrérie mouride, qui rassemble un tiers des Sénégalais, a été inhumé tôt ce matin dans sa résidence de Gouye-Mbind, à l’est de la ville sainte de Touba.
Malade depuis plusieurs mois, le guide religieux avait renoncé à participer en novembre dernier au Magal de Touba, le pèlerinage des mourides, qui rassemble chaque année entre deux et trois millions de fidèles. Il est décédé dans la nuit du mardi 9 janvier. Son bras droit, Serigne Bassirou Mountakha Mbacké, a été désigné pour lui succéder.
En qualité de descendant direct de Serigne Touba, fondateur de la confrérie des mourides, Serigne Sidy Mokhtar Mbacké avait suivi une formation théologique poussée avant de s’adonner à l’agriculture dans ses terres autour de Touba. Peu connu du grand public, il avait succédé à son cousin en 2010 à la tête de la confrérie, où il s’était illustré par sa vision d’un Islam de paix et de tolérance.
Un bâtisseur philanthrope
« Dès 2010, il s’est attaché à gommer toutes les divergences et les velléités entre les différentes confréries du Sénégal, explique Bakary Sambe, enseignant-chercheur en religion à l’université de Saint-Louis. Dans toutes les grandes décisions, il agissait ainsi en parfaite coordination avec le khalife des tidianes [l’autre grande confrérie du Sénégal, ndlr]. »
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Bâtisseur de nombreuses daara, des lieux consacrés à l’apprentissage du Coran, le khalife général finançait également chaque année le hajj de plusieurs dizaines de Sénégalais sans considération sur leur appartenance confrérique. Il laissera également pour héritage la réfection et l’agrandissement de la Grande Mosquée de Touba, ainsi que le chantier de la mosquée Masâlikul Jinân à Dakar.
À bonne distance de la politique
Au Sénégal, l’influence de la confrérie mouride dépasse largement la sphère religieuse. Ainsi, on a vu ces dernières années de nombreuses personnalités politiques, issues du pouvoir comme de l’opposition, recevoir les bénédictions du chef religieux. Malgré ce défilé de responsables politiques de haut vol, le khalife général refusait de donner la moindre consigne de vote au moment des élections.
« Il ne se mêlait jamais de politique, assure Bakary Sambe. Mais il intervenait à chaque fois que la cohésion nationale était en danger, comme lors des violences de 2012, en appelant à la paix entre les Sénégalais. »
Suite à l’annonce de sa mort, le conseil des ministres a été annulé ce mercredi matin. Le président Macky Sall et des membres du gouvernement sont attendus à Touba dans le courant de la journée.
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