Égypte : condamnation annulée pour un policier jugé pour la mort de 37 islamistes
Une Cour d’appel égyptienne a annulé samedi la condamnation d’un policier qui avait écopé de 10 ans de prison pour la mort de 37 prisonniers islamistes asphyxiés par du gaz lacrymogène dans un fourgon pénitentiaire, selon une source judiciaire.
Les condamnations à un an de prison avec sursis de trois autres policiers jugés dans cette affaire ont également été annulées par cette cour du Caire, a-t-on ajouté. Ces sentences prononcées en mars dernier avaient été les premières à viser les forces de l’ordre après la destitution en juillet 2013 du président islamiste Mohamed Morsi et la répression sanglante de ses partisans qui a suivi.
La mort de ces 37 partisans de M. Morsi remonte au 18 août 2013, au plus fort de la répression, alors qu’ils se trouvaient dans un convoi transportant plus de 600 islamistes depuis le commissariat d’Héliopolis vers la prison d’Abou Zaabal, près du Caire. Ils ont été asphyxiés par des gaz lacrymogènes lancés à l’intérieur du fourgon dont les portes étaient closes. Dès le lendemain du drame, la police avait évoqué une tentative d’évasion ayant mal tourné, tandis que le camp de M. Morsi dénonçait un assassinat.
"Case départ"
Lors du procès, un expert du ministère de la Justice avait expliqué que les fourgons étaient prévus pour 24 personnes, alors que les policiers y avaient entassé 45 détenus. Les images de leurs visages noircis et en décomposition dans des morgues du Caire avaient choqué au-delà des frontières du plus peuplé des pays arabes. De plus, survenu quatre jours après la dispersion dans un bain de sang de rassemblements de milliers de pro-Morsi au Caire, ce drame avait suscité une vague de condamnations à l’étranger et l’inquiétude des militants des droits de l’Homme.
L’officier qui a été condamné à 10 ans de prison est le commissaire adjoint du commissariat, chargé de superviser le transfèrement. Les quatre policiers étaient poursuivis pour homicides involontaires et coups et blessures involontaires à l’issue d’une enquête ayant conclu à des négligences et imprudences de la part des prévenus.
La Cour d’appel a ordonné samedi que ce dossier soit transféré au procureur général pour une enquête approfondie. "Cette décision veut dire que ce dossier retourne à la case départ", a expliqué à l’AFP Amr Imam, un avocat spécialiste des droits de l’Homme.
Depuis l’éviction du chef d’État islamiste le 3 juillet, plus de 1.400 manifestants pro-Morsi ont péri sous les balles des policiers et soldats, plus de 15.000 de ses partisans ont été emprisonnés et des centaines condamnés à mort ou à la prison à vie dans des procès expéditifs.
(AFP)
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