Cameroun : la folle histoire des ordinateurs de Paul Biya

Les premiers jours de 2018 ont marqué le lancement de la distribution gratuite de 500 000 ordinateurs portables aux étudiants camerounais dans le cadre du programme « higher education vision » du président Paul Biya. Mais pour ce dernier, comme pour ses bénéficiaires, il semblerait que le cadeau de début d’année soit devenu empoisonné.

Paul Biya en compagnie de son épouse Chantal, saluent la population après avoir effectué le vote lors de l’élection présidentielle dans le bureau de vote de l’école publique du quartier de Bastos, à Yaoundé, au Cameroun, le 9 octobre 2011. © JA

Paul Biya en compagnie de son épouse Chantal, saluent la population après avoir effectué le vote lors de l’élection présidentielle dans le bureau de vote de l’école publique du quartier de Bastos, à Yaoundé, au Cameroun, le 9 octobre 2011. © JA

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Publié le 11 janvier 2018 Lecture : 2 minutes.

C’était une promesse formulée en 2016. Le président Paul Biya s’était alors engagé à distribuer gratuitement de janvier à juin 2018, 500 000 ordinateurs portables aux étudiants camerounais du public et du privé dans le cadre de son programme baptisé « higher education vision ».

Inspirée d’initiatives similaires lancées au Gabon, en Guinée et en Côte-d’Ivoire, l’opération « un étudiant, un ordinateur », chiffrée à 75 milliards de FCFA (114 336 763 €), est train de se transformer en fiasco farfelu, ridiculisant le président et quelques membres de son administration.

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Un disque dur trop léger

En cause, les caractéristiques de ces bijoux flambant neufs, tout droit sortis des usines chinoises du fabricant hongkongais Shenzhen Technology. Les « PBHev » pour « Paul Biya higher education vision », s’avèrent être parfaitement inadaptés aux usages des étudiants camerounais. Leur capacité de stockage est réduite à peau de chagrin par le choix d’un disque dur SSD utile à l’amélioration de la puissance d’une machine, mais totalement inadéquat en ce qui concerne le stockage de fichiers.

Or, à Yaoundé, Douala ou ailleurs, les étudiants ont davantage besoin de stocker leurs documents de cours, plutôt que de faire fonctionner des logiciels lourds. Et quand bien même ils auraient besoin de ces derniers, ils ne pourraient les installer sur leur PC, faute d’espace disponible.

Revente au marché noir

Voyant les polémiques naître sur plusieurs fronts, Roger Atsa Etoundi, le directeur des systèmes d’information du ministère de l’Enseignement supérieur, et son ministre Jacques Fame Ndongo, ont par deux fois tenté maladroitement de jouer la pédagogie, préconisant aux étudiants d’opter pour un abonnement cloud pour augmenter leur espace de stockage. Un conseil qui semble plutôt osé dans un pays classé parmi les derniers en termes d’accessibilité à l’Internet fixe et mobile en 2017 par l’Alliance for affordable Internet (A4AI).

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Des incohérences ont aussi été relevées concernant le coût réel des PBHev. Le 26 décembre à la télévision nationale, Jacques Fame Ndongo, ministre de l’Enseignement supérieur camerounais, assurait que le prix de revient du PC était de 300 000 FCFA (457 euros). Trois jours plus tard sur Twitter, son collègue du ministère de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, avançait que leur véritable valeur marchande était de 100 000 FCFA (152 euros).

Or, entre temps, des internautes ont retrouvé le produit en vente pour 85 dollars (70 euros) sur le site de commerce en ligne Alibaba, posant ainsi des questions sur la gestion des négociations avec le fabricant.

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Des machines défaillantes

Depuis quelques semaines, les pannes et bug semblent se multiplier sur les ordinateurs du président. Des étudiants ont découvert qu’ils n’avaient pas la licence pour la suite de logiciels Office 365 de Microsoft, censée être comprise dans la machine. D’autres n’arrivent tout bonnement plus à allumer leur ordinateur.

Conséquence de ces couacs à répétition : des opportuns ont choisi de brader leur PBHev sur Facebook ou directement sur le marché noir de l’avenue Kennedy, haut lieu de la dépanne high-tech à Yaoundé.

Pour les étudiants, comme pour Paul Biya, ces ordinateurs se sont donc transformés en cadeau empoisonnés. Pourtant, 400 000 sont encore à distribuer dans tout le pays.

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