L’argent des Africains : Crépin, étudiant en droit et mineur de bitcoins au Togo – 570 euros par mois

Au Togo, Crépin, 20 ans, jongle entre ses études de droit et différents petits boulots en ligne, notamment le minage et le trading de bitcoins. Ses revenus sont irréguliers, mais il peut compter en moyenne sur 374 206 francs CFA (570 euros) par mois.

Crépin, 20 ans, fait des études de droit au Togo, tout en rêvant d’une formation en informatique en France. © D.R.

Crépin, 20 ans, fait des études de droit au Togo, tout en rêvant d’une formation en informatique en France. © D.R.

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Publié le 12 janvier 2018 Lecture : 4 minutes.

Vivre sans connexion Internet ? Pour Crépin, il n’en est pas question. S’il fréquente les bancs de l’université de Kara pour suivre une 3e année de droit qui le destine à être avocat spécialisé en droit privé, « c’est plus par la force des événements que par réel goût pour la matière », confie le jeune homme dont la vraie passion est l’informatique, qu’il rêve d’étudier en France.

D’ailleurs, il n’est pas si loin de le concrétiser : il a déjà lancé des démarches et en 2019, « si tout va bien », il aura l’opportunité de partir. « Je préférerais bien sûr avoir obtenu mon diplôme de droit entre temps, ce qui devrait être possible. Mais même si je ne l’obtiens pas du premier coup, et que l’opportunité d’aller étudier l’informatique se présente, je n’hésiterai pas », assure-t-il.

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Rien de bien surprenant, quand on sait que le jeune homme, qui se rend à la fac trois jours par semaine de 7 heures à 10 heures et de 16 à 19 heures, passe le plus clair de son temps sur son iPhone, et en tire la grande majorité de ses revenus.

Bourse universitaire : 55 euros tous les 3 mois

Il faut bien, car le jeune homme, qui vit seul dans un logement d’une pièce, dans le centre-ville de Kara, ne reçoit pratiquement plus d’aide de sa famille, avec laquelle « c’est compliqué ». Et sa bourse universitaire n’est que de 55 euros tous les trois mois. « Mon père règle chaque année mes frais d’inscription à l’université, qui sont de 46 euros. Pour le reste, je gère », explique-t-il.

J’ai commencé par être trader de bitcoins. Il s’agit d’acheter et de revendre, comme on peut le faire dans n’importe quel secteur

Crépin fréquente donc régulièrement la plateforme de microservices 5euros.com, par laquelle il trouve des petits boulots de rédaction d’articles. « Je fais des textes de 300 à 400 mots sur le développement personnel, le sport ou la santé. En général, on me fournit les informations de base à y faire figurer, et je complète par des recherches personnelles ». Ce job, auquel il consacre environ une journée par semaine, lui rapporte en moyenne 46 euros par mois. Il travaille désormais sur le lancement de sa propre plateforme de vente de microservices virtuels en ligne, www.lejobbeur.com, prévu pour fin janvier.

Mais son revenu principal vient d’un secteur bien plus technique : le bitcoin, cette monnaie virtuelle qui a connu ces dernières années une belle envolée. « En fait, j’ai commencé par être trader de bitcoins. Il s’agit d’acheter et de revendre, comme on peut le faire dans n’importe quel secteur. Mais il y a des frais sur ces transactions, alors un jour, un ami russe m’a expliqué comment je pouvais éviter ces frais en contribuant au processus de création de bitcoins et de confirmation des transactions. C’est ce qu’on appelle le minage », explique-il.

Je suis maintenant le seul vendeur de bitcoins reconnu et vérifié par LocalBitcoins dans l’Afrique francophone

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En mettant sa puissance de calcul au service de Genesis Mining, l’une des entreprises les plus importantes du secteur, il perçoit au moins 305 euros par mois.

Loyer : 15,24 euros par mois

Très investi dans le milieu, Crépin a créé la page Facebook Bitcoin Afrique, sur laquelle il publie régulièrement des actualités sur ce sujet. Il le sponsorise également sur le réseau social, à hauteur de 12,51 euros par mois.

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À cela s’ajoute le trading, qu’il a continué. « Je suis maintenant le seul vendeur de bitcoins reconnu et vérifié par LocalBitcoins dans l’Afrique francophone », assure-t-il. Les revenus qu’il tire de cette activité, à laquelle il consacre « tous les jours de la semaine, même le dimanche », sont par nature très variables, de 150 à 457 euros par mois.

De quoi lui permettre largement de faire face à son loyer (15,24 euros), d’honorer ses factures d’eau (3,05 euro par mois), d’électricité (6,10 euros par mois), d’entretenir la moto avec laquelle il se déplace (3,05 euros par mois chez le garagiste, et la même somme chaque semaine pour le carburant), ou encore de s’offrir de nouveaux vêtements (15,24 euros par mois).

Épargne : jusqu’à 300 euros par mois

Il doit aussi régler son abonnement Internet de 1,5 giga (7,62 euros) et ses frais d’appels, de 6,86 euros. « J’essaye de téléphoner peu, je reçois surtout beaucoup d’appels », précise-t-il. Il reçoit aussi un bouquet Canal+ (15,24 euros par mois) et doit payer les polycopiés de ses cours (10,67 euros par mois).

Mais n’allez surtout pas lui coller l’image stéréotypée du geek qui ne sort jamais de chez lui ! Crépin sort prendre tous ses repas à l’extérieur, ce qui lui coûte 3,05 euros par jour, et s’offre régulièrement des entrées à la piscine et en boîte de nuit – ces loisirs lui coûtent 34,30 euros par mois.

Je crois au bitcoin et à la sécurité du blockchain

Mais tout en profitant de ces sorties et en ne rechignant pas quand il lui faut venir en aide à des amis, parfois à hauteur de 30 euros par mois, il s’efforce d’épargner au maximum, en prévision de ses futures études en France. « Je mets de côté au moins 150 euros par mois, parfois 300 euros », explique-t-il, précisant que ses économies sont surtout placées sur un compte en banque, mais de préférence déposées dans son portefeuille virtuel.

« Je crois au bitcoin et à la sécurité du blockchain [la technologie de stockage et de transmission d’informations sur laquelle s’appuie la cryptomonnaie, ndlr]. Quand vous placez des bitcoins sur votre portefeuille en ligne, c’est votre argent, personne ne peut vous l’arracher. Les comptes bancaires, eux, peuvent être restreints du jour au lendemain », assure-t-il.

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