Cameroun : le budget du stade d’Olembé en question

Alors qu’une délégation de la Confédération africaine de football (CAF) a commencé ce vendredi une première mission d’inspection au Cameroun, où doit se tenir en 2019 la prochaine Coupe d’Afrique des nations, une polémique enfle dans le pays sur la construction du stade d’Olembé, qui devrait accueillir la compétition.

Complexe sportif d’Olembé fin juillet 2017. © Capture d’écran/YouTube/Wiz’air237 Ltd

Complexe sportif d’Olembé fin juillet 2017. © Capture d’écran/YouTube/Wiz’air237 Ltd

Alexis Billebault

Publié le 12 janvier 2018 Lecture : 3 minutes.

Ce vendredi 12 janvier, la délégation d’experts de la Confédération africaine de football (CAF) a commencé sa première mission d’inspection sur les installations de la future Coupe d’Afrique des nations (CAN), qui doit avoir lieu à l’été 2019.

Parmi celles-ci, le futur stade Paul Biya, situé dans le quartier d’Olembé, à une quinzaine de kilomètres de Yaoundé, qui attise les polémiques depuis le début du mois de janvier.

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Pièces italiennes préfabriquées

Une soixantaine de camions ont en effet rejoint Yaoundé au début du mois, en transportant 6 500 tonnes de matériel arrivés par bateau d’Italie au port de Douala. Ils sont les premiers éléments des 26 500 tonnes de pièces préfabriquées destinées à être montées sur place pour former un édifice ultramoderne de 60 000 places. L’édifice, qui sera la plus grosse enceinte sportive jamais construite au Cameroun, comprendra, outre le stade en lui-même, une piste d’athlétisme, un terrain annexe, un parking, ainsi qu’une piscine olympique et une salle où il sera possible de jouer au basket ou au volley.

 Il aurait été moins coûteux de produire ce matériel au Cameroun. […] On a jeté du fric par les fenêtres

Mais cette importation clé en main fait grincer des dents. « Il aurait été moins coûteux de produire ce matériel au Cameroun, au moins une partie. C’est ce que disent différents experts camerounais en bâtiment. La main-d’œuvre est moins chère ici qu’en Italie, il n’y aurait pas eu les frais de transports, on aurait gagné plusieurs mois, et cela aurait profité à l’économie locale. On a jeté du fric par les fenêtres », regrette une source contactée par Jeune Afrique.

 Il va falloir revoir le budget à la hausse, mais on ignore encore dans quelles proportions

La structure a été commandée en décembre 2015 au groupe italien Piccini, qui revendique le leadership mondial dans le domaine de la construction d’ouvrages civils, pour un montant de 163 milliards de FCFA (249 millions d’euros). Mais sur place, de plus en plus d’observateurs craignent une révision des coûts à la hausse. « Il va falloir revoir le budget à la hausse, mais on ignore encore dans quelles proportions », grince une autre de nos sources.

L’organisation de la compétition confiée à un autre pays ?

Dans le milieu du football, on s’inquiète aussi d’éventuels retards dans la livraison, initialement prévue pour le 30 septembre 2018.

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Ces questions sont d’autant plus prégnantes qu’à Yaoundé, comme à Douala, tout le monde sait que le nouveau patron du football africain, Ahmad Ahmad, se montrera intransigeant si des retards trop importants sont constatés dans l’avancée des travaux.

La CAF n’hésitera pas à retirer l’organisation de la compétition au pays et à la confier à un autre

« Il faudra vraiment que tout soit livré dans les délais. Sinon, la CAF n’hésitera pas à retirer l’organisation de la compétition au pays et à la confier à un autre », souffle un proche de la Fédération Camerounaise de Football (Fecafoot), actuellement pilotée par un comité de normalisation.

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Le président malgache de la Confédération Africaine de Football (CAF) ne fera également aucun cadeau au Cameroun. Le successeur d’Issa Hayatou ne manque aucune occasion, en privé comme en public, d’afficher ses doutes sur la capacité du pays d’Afrique centrale d’organiser la CAN 2019 à vingt-quatre participants, contre seize auparavant. Et l’insulaire va forcément suivre de très près la mission d’inspection des dix membres du comité exécutif de l’instance, assistés d’experts appartenant à un organisme d’audit indépendant, dont les observations seront connues dans quelques semaines.

Face à l’urgence de la situation, Paul Biya, soucieux que l’édifice portant son nom soit achevé le plus rapidement possible, a ordonné que plusieurs centaines d’ouvriers soient embauchés séance tenante, après les dernières déclarations d’Ahmad Ahmad. La guerre des nerfs est bien lancée…

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