Climat – Denis Sassou Nguesso : « Pour le bassin du Congo, fini le temps des promesses »

A la veille de la conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine, les 28 et 29 janvier, le président de la République du Congo, par ailleurs président de la commission climat du bassin du Congo, enjoint ses pairs à faire pression sur les pays du Nord, les plus pollueurs, pour qu’ils remplissent leurs promesses de financements du Fonds bleu.

Denis Sassou Nguesso, le 20 juin 2009, à Brazzaville. © Vincent Fournier/JA

Denis Sassou Nguesso, le 20 juin 2009, à Brazzaville. © Vincent Fournier/JA

Denis Sassou Nguesso. © Ludovic Marin/AFP

Publié le 15 janvier 2018 Lecture : 3 minutes.

Dans deux semaines, les 28 et 29 janvier, se tiendra à Addis-Abeba la 30e session ordinaire de la conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine, au cours de laquelle un point sera fait sur les initiatives prises en commun contre les effets dévastateurs du réchauffement climatique.

En tant que président de la commission climat du bassin du Congo, il me paraît nécessaire, au terme d’une année 2017 particulièrement dense en événements internationaux consacrés au défi climatique, de restituer à mes pairs les résultats globaux de cette séquence, d’échanger sur nos expériences respectives ainsi que sur l’opérationnalisation de nos outils et de coordonner nos approches sur les modalités de financement du Fonds bleu, bras financier de ladite commission, qui regroupe quinze États d’Afrique centrale et d’Afrique de l’Est.

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Cop 22, Fonds bleu, One Planet Summit

La COP22, qui s’est tenue à Marrakech en 2016, a constitué une étape décisive dans l’appropriation par l’Afrique des enjeux du réchauffement climatique, et 2017 aura été l’année de la mise en œuvre de cette volonté commune.

La signature, en mars à Oyo, dans le nord du Congo, du mémorandum d’entente sur le Fonds bleu, qui a pour objectif de mobiliser les ressources nécessaires auprès des contributeurs et investisseurs en vue du financement de projets de développement durable, a été suivie en octobre à Brazzaville par une conférence ministérielle conjointe Ceeac-EAC, Brazza Finance Climat, consacrée à l’opérationnalisation de cet outil.

Sans contraintes ni pressions, il est illusoire de croire que les engagements renouvelés en 2017 par les pays les plus riches seront respectés

>>> A LIRE – Qui sont les bonnes fées du Fonds bleu pour le Bassin du Congo ?

En novembre, la Journée de l’Afrique, en marge de la COP23, de Bonn, nous a permis de réaffirmer nos engagements face à la communauté internationale, qui a reconnu le bassin du Congo pour ce qu’il est : le deuxième réservoir de carbone forestier du monde après l’Amazonie, et un enjeu essentiel pour la survie de l’humanité.

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En décembre enfin, à Paris, le One Planet Summit a débouché sur douze engagements, afin de mobiliser les ressources financières en vue d’assurer la transition vers une économie bas carbone.

Faire pression sur les pollueurs

Reste que si ces engagements reflètent les attentes des pays qui, à l’instar de ceux du bassin du Congo, sont très loin d’être les plus pollueurs mais figurent parmi les plus affectés par le réchauffement climatique, l’expérience nous incite à la prudence.

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Depuis le sommet de Rio, en 2012, au cours duquel il m’a été donné, déjà, de porter avec force la voix de l’Afrique, très peu de promesses ont été tenues. Sans contraintes ni pressions, il est illusoire de croire que les engagements renouvelés en 2017 par les pays les plus riches, qui sont aussi les plus pollueurs, seront respectés.

C’est pourquoi il est primordial de maintenir notre mobilisation dans l’unité, afin de renforcer les mécanismes de contrôle des promesses. Notre plaidoyer pour l’accession aux ressources permettant de financer les projets intégrateurs de développement durable de l’économie bleue doit être porté en commun.

Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons établir un rapport des forces crédible vis-à-vis des bailleurs de fonds, de plus en plus conscients de ce qu’ils nous doivent. En nous aidant à préserver les forêts et les fleuves du bassin du Congo, ils contribuent à protéger l’humanité tout entière.

Le Congo prend toute sa part dans cette stratégie régionale commune, et cela depuis plus de vingt ans déjà, même lorsque la prise de conscience écologique n’en était, sur le continent, qu’à ses balbutiements.

Le siège du Fonds bleu sera installé à Brazzaville courant 2018 et, du 21 au 23 mars, une conférence internationale sur les tourbières du bassin du Congo – premier puits de captation de carbone au monde – se tiendra dans notre capitale avec la participation de l’ONU, d’ONG et d’experts venus du monde entier. Plus que jamais, c’est une part du destin de la planète qui se joue au cœur de notre continent. À nous de nous montrer dignes de cette immense responsabilité.

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