Viols d’enfants en Centrafrique : non-lieu pour les soldats français de l’opération Sangaris
Les juges d’instruction ont prononcé leur décision jeudi, suivant les réquisitions du parquet de Paris, estimant qu’il n’était pas possible « d’établir des faits circonstanciés et étayés à l’encontre des militaires ». Une procédure d’appel est probable.
La justice française a prononcé le 11 janvier dernier un non-lieu pour les soldats français mis en cause dans cette affaire de viols sur mineurs, à défaut d’avoir pu établir leur implication. Ceux-ci étaient accusés d’abus sexuels contre des enfants en République centrafricaine, dans le cadre d’une mission de maintien de la paix entre 2013 et 2014. Les juges ont clôturé ce dossier sans aucune mise en examen, selon une source judiciaire.
Une dizaine de militaires visés
Une décision de la justice conforme aux réquisitions du parquet de Paris, qui avait requis un non-lieu en mars 2017. Dans ses réquisitions, le parquet soulignait qu’« il ne peut être affirmé à l’issue de l’information qu’aucun abus sexuel n’a été commis ». Il estimait également que les incohérences matérielles et « la variation des témoignages ne (permettaient) pas d’établir des faits circonstanciés et étayés à l’encontre des militaires », selon une source proche du dossier.
Six garçons de 9 à 13 ans accusaient des militaires d’avoir abusé d’eux, en échange de rations de nourriture
L’affaire avait été révélée en avril 2015 par le quotidien britannique The Guardian, qui avait fait état d’une note interne de l’ONU, relatant les auditions de six garçons de 9 à 13 ans. Ils accusaient des militaires français d’avoir abusé d’eux, entre décembre 2013 et juin 2014, dans le camp de déplacés de l’aéroport M’Poko de Bangui, en échange de rations de nourriture.
>>> A LIRE – Centrafrique : que sait-on de l’affaire des viols présumés d’enfants par des soldats français ?
Saisi par le ministère de la Défense, le parquet de Paris avait ouvert dès juillet 2014 une enquête préliminaire, mais cette dernière était restée secrète et ce silence avait été reproché aux autorités françaises, ainsi qu’à l’ONU.
Les accusations visaient une dizaine de militaires – dont plusieurs désignés comme pouvant être des agresseurs – qui ont été entendus, dont un en garde à vue. Les enquêteurs se sont rendus sur place en 2015 et 2016 pour entendre de nouveau les enfants.
Appel probable
« Il est vraisemblable que nous allons faire appel pour ne pas donner le sentiment, à celles et ceux qui se sont battus dès le départ, que l’affaire est terminée et que nous renoncerions à identifier les auteurs des infractions et à établir les responsabilités et les culpabilités », a déclaré Emmanuel Daoud, avocat de l’ONG Ecpat, qui lutte contre l’exploitation sexuelle des enfants.
Depuis, d’autres scandales ont éclaté concernant des contingents d’autres pays et les Nations unies ont souvent été critiquées pour leur manque de réactivité face au phénomène.
La force Sangaris de l’armée française a été déployée en 2013 en Centrafrique, alors en proie au chaos après des violences entre rebelles musulmans, les Séléka, et miliciens chrétiens, les anti-balaka.
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