Afrique du Sud : la fuite d’une vidéo va-t-elle changer l’issue du procès Pistorius ?

Le procès pour meurtre d’Oscar Pistorius a repris lundi 7 juillet au tribunal de Pretoria. Mais c’est une vidéo, diffusée dimanche par une télévision australienne qui est dans toutes les têtes. On y voit l’athlète sud-africain doublement amputé courrir – ou à tout le moins marche vite – sur ses moignons, le bras tendu en avant et la main serrée comme s’il tenait un pistolet. Dans un autre extrait, on voit l’athlète marcher à reculons, toujours sur ses moignons.

Cette mystérieuse vidéo a été réalisée par l’Américain Scott Roder, qui figure parmi les experts sollicités par la défense pour convaincre que le meurtre était un accident. Elle contredit pourtant le témoignage du médecin du sport Wayne Derman — un autre témoin de la défense —, qui a expliqué que Pistorius, double amputé, était très vulnérable et fort peu mobile sans ses prothèses.

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Dénonçant la fuite, l’équipe de défense de Pistorius a menacé de poursuites quiconque diffuserait cette vidéo. "Nous n’aurions pas pu diffuser cette séquence si nous pensions l’avoir obtenue de manière illégale", a justifié dimanche soir Mark Llewellyn, producteur exécutif chez Channel 7, sans expliquer toutefois comment il s’est procuré les images.

"L’émission a été diffusée uniquement en Australie et n’est disponible dans aucun autre territoire", a-t-il ajouté.

La vidéo ne pourra être prise en considération par la juge Thokozile Masipa que si la défense ou l’accusation l’ajoutent au dossier, ce qu’ils n’ont pas envisagé de faire lundi, lors de la reprise du procès. Elle n’a pas été directement évoquée par le procureur Gerrie Nel. Ce dernier s’est essentiellement attaché à contester la version de Wayne Derman. "Puis-je vous demander s’il a jamais été montré, à votre connaissance, que Oscar Pistorius peut marcher à reculons sur ses moignons?", a demandé le procureur sans évoquer la vidéo, réalisée par une entreprise américaine pour la défense.

"Cela n’a jamais été montré, pour moi", a répondu le médecin, qui suit Pistorius depuis six ans. Gerrie Nel cherche à montrer que Pistorius s’est volontairement déplacé vers la salle de bains pour abattre son amie Reeva Steenkamp.

"L’accusé avait au moins la possibilité de fuir, même de sortir de la chambre, ai-je raison?", a demandé le procureur, suggérant que Pistorius s’est rendu coupable de négligence criminelle en choisissant de tirer.

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(Avec AFP)