RDC : des violences au Kasaï et au Nord-Kivu malgré le déploiement de l’armée congolaise

Dans plusieurs provinces du pays, les forces armées de la RDC (FARDC) font face à une myriade de groupes armés et de milices, qui paraissent sans cesse renaître de leurs cendres en cette année supposée déboucher sur des élections.

Un soldat congolais à Kinshasa en novembre 2006 durant une cérémonie militaire. © SCHALK VAN ZUYDAM/AP/SIPA

Un soldat congolais à Kinshasa en novembre 2006 durant une cérémonie militaire. © SCHALK VAN ZUYDAM/AP/SIPA

Publié le 15 janvier 2018 Lecture : 3 minutes.

Offensive lundi contre l’armée, enlèvement jeudi d’une dizaine de civils… Un mois après la mort de 14 Casques bleus dans la base de Semuliki, les présumés rebelles ougandais musulmans des ADF sèment toujours la terreur dans la région de Beni (est).

Dernière tuerie en date : le raid sur Beni lundi à l’aube des Allied Democratic Forces (ADF), qui a causé la mort de trois soldats congolais, selon un témoin qui affirme avoir vu les corps à la morgue.

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L’offensive des FARDC

« Nous avons enregistré cinq blessés dont trois graves », a déclaré pour sa part le porte-parole de l’armée dans la région Mak Hazukay, selon qui « l’ennemi a tenté de faire diversion ».

L’armée congolaise a médiatisé samedi sa propre offensive contre ce groupe tenu responsable de la pire attaque contre les Nations unies depuis 1993. Munie d’artillerie lourde et de troupes supplémentaires, l’armée congolaise est partie seule au front contre les ADF actifs près de la frontière ougandaise.

La force de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco), qui avait promis des renforts contre les ADF après la mort des Casques bleus tanzaniens, a refusé de participer à ces opérations. « Ils nous considèrent comme une force d’appoint. Si on n’est pas associés à la conception de l’attaque, on y va pas », glisse une source onusienne à l’AFP.

Des relations tendues avec Kampala

Le président ougandais Yoweri Museveni a indiqué dimanche que son armée soutenait l’offensive congolaise « où c’est nécessaire », sans plus de précisions. L’armée ougandaise avait affirmé fin décembre avoir tué une centaine d’ADF dans des frappes aériennes dans l’est de la RDC, sans l’armée congolaise.

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La RDC et l’Ouganda entretiennent des relations parfois tendues et empreintes de défiance, glisse une source gouvernementale à Kinshasa.

À Beni, la réponse militaire aux ADF ne convainc pas la population qui a observé lundi une journée « ville morte », avec grève et commerces fermés. « Nous exigeons la libération des otages pris par les ADF. Des opérations de grande envergure ont commencé et aujourd’hui les ADF ont fait incursion dans la ville. Nous ne comprenons pas », s’inquiète le président de la société civile Gilbert Kambale à l’AFP.

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Le satisfecit de Kabila

Dans ses vœux, le président Joseph Kabila s’était félicité du « rétablissement de la sécurité » au Kasaï (centre), région qui a basculé dans la violence en septembre 2016 après la mort d’un chef coutumier tué par les forces de sécurité.

Un satisfecit qui contraste avec l’annonce de la mort dimanche à l’aube de quatre militaires congolais tués par des miliciens près de l’aéroport de Kananga, la grande ville de la région. Le 10 janvier dernier, une dizaine d’hommes armés ont décapité un agent des services de renseignements, emporté sa tête, incendié une dizaine de cases à Kakenge à 195 km au nord de Kananga. Il s’agit de la quatrième victime en un mois parmi les représentants des services de sécurité, d’après l’administrateur du territoire de Mweka.

Depuis le début de l’insurrection, les violences ont causé la mort de plus de 3 000 morts, dont deux experts de l’ONU, et le déplacement de 1,4 million de personnes. Les autorités avaient justifié le report des élections de fin 2017 à fin 2018 en raison de ces violences et du retard dans le recensement des électeurs.

Des massacres « planifiés » par les FARDC

La Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) a accusé en décembre les forces de sécurité congolaises et une milice soutenue par l’armée d’avoir « planifié » les massacres au Kasaï.

Des signes de normalisation se font toutefois ressentir en ce début d’année. À l’image de l’annonce samedi de la réouverture de la frontière entre l’Angola et la RDC, que Luanda avait fermée en avril au plus fort des violences. Quelque 30 000 Congolais avaient alors trouvé refuge dans la province du Lunda Norte.  

« Rien n’est fait pour juguler les raisons qui sont à la base de ces violences notamment la pauvreté. Aucun programme de réinsertion sociale des ex-miliciens n’a été mis au point », regrette l’expert en médiation et résolution des conflits Anaclet Tshimbalanga.

Le défi des élections

« Ces jeunes qui ont pris goût au maniement des armes savent que s’ils entretiennent la violence, les autorités vont les respecter », ajoute-t-il.

Dans quelques mois, les autorités congolaises doivent déployer des machines à voter dans cet immense pays de 2,3 millions de km2 et 45 millions d’inscrits. Un défi logistique renforcé par les problèmes de sécurité.

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