Mauritanie : une BIM en plein boom
Elle n’a que trois années d’existence. Mais déjà, la Banque islamique de Mauritanie s’est fait une place dans le paysage bancaire national. Sa recette ? Des services pratiques et, surtout, halal.
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Dans le pays, elle est la toute première banque de ce type. Dirigée depuis trois ans par Mohamed Ben Othman, la Banque islamique de Mauritanie (BIM) a été créée en septembre 2011 par le holding Tamweel Africa, coentreprise de la Société islamique de développement du secteur privé (filiale de la Banque islamique de développement, 60 %) et de Bank Asya (la plus importante banque islamique de Turquie, 40 %).
En 2013, elle a réalisé un bénéfice net de près de 300 millions d’ouguiyas (environ 800 000 euros), ce qui représente un doublement par rapport à 2012. « Après une première année d’exercice complet qui s’était soldée par un profit de 10 millions d’ouguiyas, nous sommes rapidement montés en puissance, mais de manière assez prudente », confirme Mahmoud Ba, directeur du risque et du crédit de la BIM. Avec de bons résultats, qui ont valu à l’établissement le trophée de « meilleure initiative en finance islamique » (Best Islamic Finance Initiative 2014), décerné fin mai par African Banker, à Kigali, en marge des assemblées de la Banque africaine de développement.
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Alors qu’elle s’apprête à ouvrir sa quatrième agence à Nouakchott (sur la route de Nouadhibou), la banque se flatte de s’être taillé une part de marché de 2 %, avec un encours de crédit avoisinant 8 milliards d’ouguiyas et un stock de dépôt de près de 7 milliards. Une prouesse dans un secteur bancaire balkanisé, où l’on compte douze établissements pour un taux de bancarisation d’à peine 5 %.
À l’aise
Mieux : plus de 70 % de la clientèle de cette jeune banque est composée d’entreprises. « Nous travaillons essentiellement avec des PME, notamment sur des opérations de financements commerciaux, la Mauritanie étant un gros pays importateur », explique Mahmoud Ba. À ces entreprises importatrices, la BIM offre des produits relativement nouveaux. Exit le crédit documentaire et les produits classiques de commerce extérieur. À la BIM, c’est la Mourabaha (vente selon un profit convenu mutuellement) à l’import qui cartonne. « Le procédé est simple : la BIM achète la marchandise que souhaite le client et la lui revend, moyennant une marge commerciale », précise Mahmoud Ba. La BIM ne prête donc pas de l’argent, mais fait du commerce. Risqué, mais « halal » !
L’argument séduit aussi les particuliers, qui constituent aujourd’hui le tiers du portefeuille de la BIM et n’avaient, pour la plupart, jamais mis les pieds dans une banque. « La majorité de notre clientèle n’avait pas de compte bancaire auparavant, explique Mahmoud Ba. Chez nous, ils se sentent en confiance, à l’aise avec leurs principes et leurs valeurs. »
Sukuks
Pour le moment, les produits que l’établissement propose aux particuliers se limitent au financement de la consommation et à la Mourabaha Auto. Car la BIM préfère se positionner sur des engagements à court terme. Elle pâtit en effet de l’inexistence d’un marché des sukuks, ces obligations islamiques dont raffolent les banques « vertes » à travers le monde. Un blocage dont souffrent aussi les concurrents de la BIM, attirés par ce marché de niche.
C’est le cas de la Banque populaire de Mauritanie (BPM), fondée en 2012 par Limam Ould Ebnou (groupe LOE), ou de la Banque Al Muamalat As Sahiha (BMS), qui a lancé ses activités fin 2013 et a été créée par quatre jeunes hommes d’affaires : Ahmed Ould Hamdi Ould Mouknas, qui la préside ; Ahmed Salek Ould Bouh (Ciment de Mauritanie) ; Houmeya Ould Tangi (Emap TP) ; et Feil Ould Lahah (Nationale pétrolière). Des nouveaux venus qui vont donner encore plus de poids à la finance islamique en Mauritanie.
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