Carte interactive : l’Afrique est-elle un continent égoïste ?

Les pays africains sont-ils de « bons pays » ? D’après le « good country index », un classement des pays selon leur contribution au bien-être de l’être humain et de la planète, l’Afrique n’est pas bonne élève. Grâce à une carte interactive, « Jeune Afrique » vous propose de faire le point sur la générosité – ou l’égoïsme – des États africains.

Carte de l’index des bons pays. © Google/Capture d’écran

Carte de l’index des bons pays. © Google/Capture d’écran

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Publié le 4 juillet 2014 Lecture : 3 minutes.

Trop riches, trop pauvres, trop corrompus, les superlatifs ne manquent pas pour classer et déclasser les 197 pays reconnus par les Nations unies. Pour la première fois, une vaste enquête réalisée par un consultant britannique indépendant, Simon Anholt, juge les nations selon leur contribution au bien-être mondial grâce au "good country index" (que l’on peut traduire par l’indice des "bons" pays).

Un "bon pays" est avant tout un "pays qui contribue au bien commun de l’humanité et qui ne sert pas uniquement les intérêts de ses propres entreprises, hommes politiques et électeurs", explique Simon Anholt, l’inventeur du concept, contacté par Jeune Afrique. Dans notre ère mondialisée, les nations, à l’instar des individus, seraient trop individualistes, selon le chercheur. "Aucun pays isolé ne peut résoudre les défis qui menacent notre planète tels que le changement climatique, les épidémies, les droits de l’homme, la crise économique, le terrorisme ou encore le trafic de drogues", affirme-t-il.

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Des pays africains à la traîne

Tel pays est généreux, tel autre peut mieux faire, tel autre encore est trop égoïste. 125 nations ont été passées au crible selon 35 indicateurs répartis en sept catégories, de l’environnement à la culture, en passant par l’ordre mondial et les technologies, grâce aux données de l’ONU, de la Banque mondiale et de quelques organisations internationales. Et les résultats sont surprenants.


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Si les Européens comme l’Irlande, les Pays-Bas ou la Suisse sont les premiers de la classe, le continent africain fait figure de cancre dans l’indice des "bons" pays. Sur les 28 États représentés, seuls quatre d’entre eux, le Kenya, l’Afrique du sud, le Ghana et la Zambie, peuvent se targuer de bons résultats.

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Le Kenya, premier de la classe

Parmi les surprises du classement, le Kenya, 36e sur 125, est le premier pays africain à apporter du bien-être aux pays alentours, notamment en termes de prospérité, d’égalité et de santé. "C’est un résultat fantastique, se réjouit Simon Anholt. Cela prouve que le bien-être d’un pays n’est pas une question d’argent. Je déteste l’idée que seuls les pays riches peuvent se permettre de penser au reste du monde : si nous suivons cette logique, nous allons dans la mauvaise direction", ajoute le consultant.

Peu après la présentation des résultats de l’indice lors d’une conférence TED (Technology, Entertainment and Design) à Berlin, le 23 juin dernier, les critiques ont dénoncé la méthodologie du classement, notamment le choix arbitraire des indicateurs et l’absence de nombreux pays dans la liste finale (dont 26 Africains sur 54). "Nous ne disposions pas de suffisamment de données pour obtenir un classement juste et précis pour ces nations manquantes", se défend Simon Anholt.

Aussi, les statistiques, basées sur des données qui datent de 2010, sont parfois loin de la réalité actuelle. Les résultats de l’Égypte sont étonnants et sont l’une des preuves des limites de l’étude. Le pays, qui connait une crise depuis la destitution de Mohamed Morsi en juillet 2013, est le premier du classement dans la catégorie "paix internationale", notamment en termes de cybersécurité. Pour autant, un contrôle efficace de la Toile peut être utile pour éviter la cybercriminalité mais négative pour les Égyptiens, compte tenu de la censure. "Les comportements de politique intérieure ne sont pas pris en compte", concède Simon Anholt.

À défaut de proposer une liste exhaustive, le chercheur prône avant tout une collaboration plus ténue entre les nations. Au-delà des données brutes, il espère éveiller les consciences des pays pour appréhender les problématiques à l’échelle globale. "Notre étude est essentiellement basée sur des données, nous ne cherchons pas à émettre de jugements", rappelle Simon Anholt.

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Emeline Wuilbercq

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