L’ex-président français Nicolas Sarkozy mis en examen pour corruption

Soupçonné de corruption active et de trafic d’influence actif dans l’affaire dite « des écoutes », Nicolas Sarkozy a été mis en examen dans la nuit de mardi à mercredi à Paris. Il avait passé la journée en garde à vue.

L’ancien président français Nicolas Sarkozy envisageait sérieusement un retour en politique. © AFP

L’ancien président français Nicolas Sarkozy envisageait sérieusement un retour en politique. © AFP

Publié le 2 juillet 2014 Lecture : 3 minutes.

Son retour politique était dans tous les esprits. La mesure en est d’autant plus spectaculaire. L’ancien président français Nicolas Sarkozy a été mis en examen dans la nuit du mardi 1er au mercredi 2 juillet pour recel de violation du secret professionnel, corruption et trafic d’influence actifs. Avant de recevoir l’ancien président, les juges d’instruction avaient précédemment mis en examen son avocat historique, Me Thierry Herzog, et le haut magistrat Gilbert Azibert.

L’ex-président était arrivé peu avant 08h00 à la direction centrale de la police judiciaire à Nanterre (DCPJ), dans la banlieue ouest de Paris, non loin de son ancien fief de Neuilly-sur-Seine. Après environ 15 heures de garde à vue dans les locaux de l’office anti-corruption (Oclciff) – une première pour un ancien chef de l’État – il a été conduit au pôle financier du TGI de Paris pour y être présenté aux juges.

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Celles-ci l’ont mis en examen pour recel de violation du secret professionnel, corruption et trafic d’influence actifs, a précisé le parquet dans un communiqué. Il n’est pas soumis à un contrôle judiciaire. La corruption et le trafic d’influence sont des délits passibles de peines pouvant aller jusqu’à dix ans de prison.

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Bettencourt et Kadhafi

Ces développements judiciaires interviennent au moment où les rumeurs sur sa volonté de prendre à l’automne la tête de l’UMP se font de plus en plus précises. Si quelques sarkozystes avaient dénoncé dans la journée son placement en garde à vue, aucun ténor de droite n’est monté au créneau pour le défendre. Dans cette procédure, trois autres personnes avaient été placées en garde à vue lundi : Me Thierry Herzog, Gilbert Azibert et un autre avocat général à la Cour de cassation, Patrick Sassoust, qui n’a toutefois pas été présenté aux juges.

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Les juges d’instruction cherchent à établir si l’ancien chef de l’État (2007-2012) a essayé d’obtenir des informations couvertes par le secret auprès du juge Azibert sur une décision de justice le concernant, en échange de la promesse d’une intervention pour un poste de prestige à Monaco. La Cour de cassation devait alors se prononcer sur la saisie dans l’affaire Bettencourt des agendas de Nicolas Sarkozy, susceptibles d’intéresser les juges enquêtant sur d’autres dossiers. Dans le dossier Bettencourt, Nicolas Sarkozy avait été mis en examen avant de bénéficier d’un non-lieu.

À l’origine de l’affaire qui vaut ces nouveaux déboires à Nicolas Sarkozy, son placement sur écoutes en septembre 2013 dans l’enquête sur les accusations, pour l’heure non étayées, d’un financement de sa campagne victorieuse de 2007 par la Libye de Mouammar Kadhafi.

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Obstacles judiciaires

Dans ce dossier libyen, plusieurs de ses proches avaient d’abord été placés sur écoute : Claude Guéant, Brice Hortefeux, mais également Michel Gaudin, ancien patron de la police nationale et ex-préfet de police de Paris. Ce dernier, devenu son directeur de cabinet après la défaite de 2012, entretient au printemps 2013 plusieurs conversations qui interpellent les enquêteurs. Il semble vouloir, en vain, se renseigner sur l’enquête libyenne auprès d’un responsable policier.

Les juges décident alors de placer à son tour l’ex-président sur écoute, en particulier le téléphone qu’il utilise sous l’identité d’emprunt de Paul Bismuth pour converser avec Me Herzog. Or, des échanges entre les deux hommes peuvent laisser croire qu’ils ont cherché à obtenir des informations confidentielles auprès de Gilbert Azibert. "Ces faits ne reposent que sur des écoutes que nous contestons et dont la légalité sera fortement combattue (…) Nous allons nous battre", a promis le conseil de Thierry Herzog, Me Paul-Albert Iweins.

Les obstacles judiciaires se multiplient sur la route d’un retour de Nicolas Sarkozy en politique. Outre les dossiers de financement libyen et de trafic d’influence présumés, le parquet de Paris a confié à des juges financiers une enquête sur le financement de la campagne de 2012 de Nicolas Sarkozy. Ses meetings semblent avoir été en grande partie financés par l’UMP afin de masquer un dépassement du plafond des dépenses de campagne autorisé par la loi.

(Avec AFP)

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