Rob Ander, Laurent Fabius, Yoweri Museveni… Ces politiques qui font la sieste

Les élus du peuple souffriraient-ils de narcolepsie, ce trouble du sommeil caractérisé par une somnolence diurne excessive truffée d’irrépressibles attaques de sommeil ? De "la" somme" au "somme", ont-il une quantité de travail démesurée qui les conduit à en piquer du nez de temps en temps ? Manquent-ils de caféine dans les cafétérias des parlements ou les antichambres présidentielles ? Ou est-ce la pensée populaire selon laquelle "le sommeil porte conseil" qui dicte quelques petites introspections somnolentes ? Toujours est-il que certains politiciens ont la fâcheuse tendance de faire des siestes en public…

Après tout, le sélectionneur de l’équipe de France ne vient-il pas de reconnaître que la sieste était une activité naturelle à l’heure à laquelle les "Bleus" devaient affronter l’équipe du Nigeria ? Le sommeil diurne n’est d’ailleurs honteux que dans les pays où la température est clémente, même lorsque le soleil est au zénith. Et le Ramadan pourrait favoriser la pratique, tant il y a de choses proscrites dans la journée. À défaut de sieste "crapuleuse", autant envisager un petit somme qui endort les revendications de l’estomac. Mais attention : vérifiez que vous n’êtes pas en pleine réunion publique…

>> Lire aussi : Ramadan 2014 ou l’Islam 2.0

Au début du mois, ce sont des ronflements ministériels qui ont failli perturber une réunion d’officiels algériens : ceux de Laurent Fabius filmé en plein roupillon par la chaîne d’info Ennahar TV. Le ministre des Affaires étrangères a la double excuse du cocktail de décalages horaires que lui impose son portefeuille et de son âge – bientôt 68 ans. S’il sortait d’une audience avec le président Bouteflika, on pourrait également comprendre qu’il se soit assoupi. Mais Fabius a la réputation de répéter des micro-siestes plus ou moins discrètes. Selon le journal français "20 minutes", il se serait endormi à plusieurs reprises lors d’une conférence de presse de François Hollande, en 2012. La même année, il s’assoupissait pendant les vœux à la presse de Martine Aubry et pendant une réunion avec le Britannique David Cameron. Comme en 2009 au Congrès des maires ou en 2003 en séminaire de la direction nationale du Parti socialiste. Cette fois avec de mémorables ronflements.

Laurent Fabius n’est pas le seul à céder aux assoupissements inopinés. Notamment en France. La semaine dernière, c’est son collègue de gouvernement Michel Sapin qui tombait dans les bras de Morphée au milieu de la conférence bancaire et financière sur la transition énergétique. En 2002, c’est l’ancien président du Sénat français, Gérard Larcher, qui s’endormait dans le public de l’émission "Des paroles et des actes", sur la chaîne publique France 2. Moins grave mais toujours télévisé…

Les élus dormeurs sont souvent trahis par la couverture d’une chaîne de télévision ou par quelque téléphone mercenaire.

Bien que les assauts du sommeil soient largement pardonnables, puisque irrépressibles, ils provoquent la risée des collègues et parfois davantage. En 2012, le député conservateur canadien Rob Anders a été discrètement expulsé d’un comité des anciens combattants pour s’être endormi. À son réveil, il découvrira que sa carrière avait quelque peu évoluée : ses responsabilités avaient été échangées avec celle de son collègue Corneliu Chisu, précédemment au comité mixte d’examen de la réglementation.

Les élus dormeurs sont souvent trahis par la couverture d’une chaîne de télévision ou par quelque téléphone mercenaire. Si Rob Anders, filmé lors d’un précédent somme à la Chambre des communes, a dû se résoudre à faire la joie des internautes, via le site de partage de vidéo YouTube, d’autres tentent de contrôler les images. En Ouganda, le chargé des médias pour le gouvernement, Dennis Katungi, affirme que le président de la République Yoweri Museveni "a des habitudes, il médite". Sans doute mal intentionnée, la chaîne de télévision NTV diffusa, au cours du mois de juin, une vidéo où les méditations présidentielles ressemblaient à s’y méprendre à une petite sieste.

Le porte-parole du gouvernement, Ofwono Opondo, a donc annoncé que la chaîne n’était plus accréditée pour la couverture des activités de Museveni. "C’est pour les faire réfléchir" temporairement, argumente Dennis Katungi, ajoutant toutefois que NTV pourrait être punie pour "manque de professionnalisme et de couverture partiale". A-t-elle fait le jeu de l’opposition ? C’est pourtant l’opposition qui suggère au président ougandais d’accorder davantage de temps à ses siestes méditatives en ne se représentant pas à l’élection qui marquera, en 2016, ces trente ans de pouvoir…

>> Retrouvez tous les dessins de Damien Glez ici

_______

Damien Glez

Follow @DamienGlez