Cinéma – « In The Fade » : Fatih Akin s’éloigne de son thème de prédilection, et déçoit
A L’affiche en France ce mercredi 17 janvier, In The Fade, noueau film du réalisateur d’origine turque Fatih Akin, suit les traces de Katja – Diane Kruger – après un attentat tuant son compagnon et son fils. Un mélodrame qui peine à convaincre.
Nuri, Kurde originaire de Turquie vivant en Allemagne, s’est « racheté » après un court séjour en prison et il vit désormais paisiblement avec Katja et Rollo, sa femme et son fils adorés, dans le centre de Hambourg où il a créé une « boutique de traduction ». Mais est devenu, à l’instar de bon nombre de migrants originaires du Moyen-Orient, une cible pour les mouvements d’extrême-droite et plus particulièrement pour des groupes néo-nazis violents et racistes.
Un jour, alors qu’il a emmené Rollo avec lui au bureau, Katja vient les chercher tous deux en voiture. Un attentat à la bombe vient d’avoir lieu. Elle apprend alors que l’explosion a dévasté la boutique et tué ceux qui l’occupaient.
La vengeance de Katja
Katja, désespéré, ne parvient pas à « faire son deuil », comme on dit. D’autant moins que les deux principaux suspects de l’attentat, qui nient malgré l’évidence de leur culpabilité, réussissent à se faire acquitter après un procès pendant lequel ils se comportent de manière désinvolte et, à l’occasion, provocatrice.
Inquiets malgré tout, car le procès a fait du bruit, ils partent ensuite se réfugier en Grèce où ils vivent sous la protection d’un militant du parti néo-nazi Aube doré. Mais Katja ne se résigne pas à ressasser seule son immense chagrin. Après une enquête, elle réussit à localiser les meurtriers de Nuri et Rollo. Comment se vengera-t-elle ? On n’en dira pas plus pour ne pas révéler la fin de ce film construit comme un thriller.
Un message problématique
L’un des rares réalisateurs opérant en Allemagne qui dispose d’une audience internationale, Fatih Akin a vu son film obtenir de prestigieuses récompenses depuis sa présentation en avant-première mondiale au dernier festival de Cannes.
Diane Kruger, qui joue avec talent le rôle complexe de Katja, a pour sa part reçu le prix d’interprétation féminine sur la Croisette alors qu’aux États-Unis In the Fade a été distingué en janvier aux Golden Globes, l’antichambre des Oscars, où il a été désigné comme « meilleur film étranger de l’année ».
De quoi surprendre car, hélas, Fatih Akin, auteur des excellents Head On (2004) et De l’autre côté (2009), nous a habitué à bien mieux, lorsqu’il se saisit de son sujet favori : l’existence difficile des migrants et de tous ceux qu’on oblige à se sentir étranger dans le pays où ils vivent.
Naviguant entre la tragédie, le mélodrame et le thriller, In The Fade, sans être jamais totalement raté, n’est vraiment convaincant, faute de nuance, dans aucun de ces registres.
Surtout, il finit par adresser au spectateur un message pour le moins problématique, en légitimant le comportement de son héroïne, obsédée par la vengeance. La conversion – provisoire, espère-t-on – du réalisateur d’origine turc au cinéma « hollywoodien » n’est donc pas vraiment une réussite. Même si elle plait, évidemment, à Hollywood.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Culture
- Émigration clandestine : « Partir, c’est aussi un moyen de dire à sa famille qu’on...
- RDC : Fally Ipupa ou Ferre Gola, qui est le vrai roi de la rumba ?
- Fally Ipupa : « Dans l’est de la RDC, on peut parler de massacres, de génocide »
- À Vertières, les esclaves d’Haïti font capituler les troupes de Napoléon
- Les « maris de nuit », entre sorcellerie et capitalisme