Christine St-Pierre : « La candidature de Michaëlle Jean est exceptionnelle »

La ministre québécoise des Relations internationales et de la Francophonie soutient la candidature de l’ancienne gouverneure du Canada, Michaëlle Jean, à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie.

Christine St-Pierre, lors de son séjour parisien, juin 2014. © DR

Christine St-Pierre, lors de son séjour parisien, juin 2014. © DR

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 27 juin 2014 Lecture : 3 minutes.

Depuis les élections du mois d’avril, Michaëlle Jean n’a plus d’adversaire de taille dans son propre pays. Le Parti Québécois, défait à cette occasion, était en effet très réservé à propos de sa candidature au poste de secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

En cause : ses anciennes responsabilités de gouverneure générale du Canada, et donc de représentante de la reine d’Angleterre. Le nouveau gouvernement québécois, issu du Parti libéral, la soutient totalement, comme l’explique à Jeune Afrique la nouvelle ministre des Relations internationales et de la Francophonie, Christine St-Pierre, de passage à Paris. L’élection aura lieu en novembre prochain à Dakar.

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Jeune Afrique : Quel était le but de votre visite à Paris ?

Christine St-Pierre : Je suis venu préparer la visite de François Hollande, qui se rendra à Québec et Montréal à l’automne prochain. Je voulais aussi établir des contacts avec certains ministres : j’ai rencontré [le ministre des Affaires étrangères] Laurent Fabius, [la secrétaire d’État au Commerce extérieur] Fleur Pellerin et [la ministre des Droits des femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports] Najat Vallaud-Belkacem.

Le nouveau gouvernement du Québec soutient-il la candidature de Michaelle Jean ?

Oui, nous l’appuyons officiellement, tout comme le gouvernement du Canada. Et c’est un sujet dont j’ai parlé à chacune de mes rencontres. Nous sommes conscients que cela suscite certaines interrogations. Mais nous pensons que c’est une candidature exceptionnelle, par son parcours et son profil. Elle a été gouverneure générale du Canada. Elle est la représentante de l’Unesco en Haïti. Elle est chancelière de l’Université d’Ottawa. Elle a été grand témoin de la francophonie pour les Jeux olympiques de Londres. Et elle est originaire du Sud, parce qu’elle est aussi haïtienne.

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Et puis, nous pensons que son élection pourrait envoyer un puissant message aux femmes de l’espace francophone, pour faire en sorte que l’égalité entre les hommes et les femmes fasse partie du paysage. Ce serait aussi un message pour la jeunesse, où elle est très écoutée. Elle a fait plusieurs missions en Afrique.

Vous avez rencontré Laurent Fabius et l’actuel secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf. Que pensent-ils de cette candidature ?

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M. Diouf ne se prononce pas, du fait de son devoir de réserve. Mais je lui ai expliqué que nous étions conscients que nous devions expliquer notre position aux dirigeants africains. Notre candidature n’est pas un rejet des candidatures africaines, mais elle peut être un apport à la Francophonie.

M. Fabius a écouté avec énormément d’intérêt. Il ne l’a pas rejeté, ni adoubé. Mais je ne m’attendais pas à ce qu’il se prononce.

>> Lire aussi : Trois candidats en course pour le secrétariat général de l’OIF

Pour l’instant, l’administrateur général de la Francophonie, Clément Duhaime, est aussi canadien. Il devra donc être remplacé si Michaëlle Jean est élue…

En effet. Nous avons aussi rencontré M. Duhaime et il comprend totalement notre position. Il a manifesté énormément d’ouverture et aucune résistance en disant qu’il serait très content d’assurer la transition.

Mais pour l’instant, il est en poste jusqu’en 2018. Quelle garantie donnez-vous au pays du Sud qu’il va quitter ses fonctions ?

C’est le secrétaire général qui décide. Et le nouveau choisira son administrateur général. Nous avons dit à Michaëlle Jean aussi que, dans notre esprit, il ne fait aucun doute que quelqu’un du Sud devra assurer l’administration. C’est très transparent.

N’est-ce pas paradoxal que Michaëlle Jean veuille représenter la Francophonie après avoir représenté la reine d’Angleterre ?

Mme Jean est une Québécoise, francophone et francophile. Elle a donné à l’institution du gouvernorat du Canada beaucoup de panache. Je ne vous cache pas que c’est une question que certaines personnes soulèvent. Mais nous estimons qu’elle a agi en chef d’État, qu’elle a bien représenté le Canada. Et je n’ai pas ressenti de résistance.

Y-a-t-il déjà des pays qui lui ont apporté un soutien officiel ?

Il y a des pays qui la soutiennent mais ils ne se sont pas déclarés officiellement.

>> Lire aussi : Sommet de l’UA : un consensus autour du candidat africain à l’OIF ?

Propos recueillis par Pierre Boisselet

 

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