Start-up de la semaine : Wattnow veut dompter la consommation d’électricité

Avec sa société Wattnow, le Tunisien Issam Smaali propose une solution IoT (Internet des objets) qui permet de surveiller, d’analyser et d’ajuster en temps réel la consommation des appareils électriques. Créée en janvier 2017, la start-up veut conquérir le marché des particuliers comme celui des entreprises, à l’échelle du continent.

Le Tunisien Issam Smaali veut conquérir le secteur de la consommation intelligente d’énergie en Afrique.

Le Tunisien Issam Smaali veut conquérir le secteur de la consommation intelligente d’énergie en Afrique.

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Publié le 18 janvier 2018 Lecture : 4 minutes.

Fin 2015, Issam Smaali, Tunisien de 27 ans qui travaille comme ingénieur en conception et développement de systèmes pour une société de conseils spécialisée dans les solutions technologiques aux entreprises, constate l’énorme gaspillage énergétique qui prévaut dans de nombreuses entreprises. « Cela n’a pas été une révélation, mais une lente réflexion basée sur l’expérience et la hausse constante du prix de l’énergie », se souvient-il.

Difficile de maîtriser sa consommation, alors que « la Steg [entreprise publique d’électricité] ne communique jamais, si ce n’est par facture ou en envoyant en été des SMS pour demander de ne pas mettre la climatisation à moins de 26°C », explique Issam Smaali.

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La consommation de chaque appareil calculée en temps réel

L’ingénieur diplômé en génie électrique et informatique industriel de l’Université libre de Tunis (2015), passionné d’électronique, a l’idée de coupler les nouvelles générations de puces et de modules de communication à un boîtier qui, installé en amont du disjoncteur, calculerait la consommation en temps réel de chaque appareil électrique.

En intégrant un système de « machine-learning » (apprentissage automatique), ce boîtier serait capable d’analyser la consommation et intervenir sur le circuit électronique pour le bloquer en cas de dépassement d’un montant pré-réglé.

Le tout serait facilement contrôlable via une application mobile et/ou une interface web. Le jeune homme s’attelle donc, sur son temps libre, a concrétiser son invention. Un prototype de boîtier est achevé en 2016.

Une rencontre décisive

Convaincu du potentiel de son invention, il décide d’intégrer le Founder Institute (FI) pour apprendre les principes de gestion d’une entreprise. C’est durant cette formation que Issam Smaali lance WattNow et qu’il fait la connaissance d’Abdelmajid Chaouch, un ingénieur électrique qui deviendra son premier collaborateur.

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Quelque temps plus tard, lors d’une séance de mentorat, Issam Smaali rencontre Noomane Fehri, l’ancien ministre des Technologies de la communication et de l’Économie numérique (2015-2016) devenu le dirigeant de B@Labs, un programme d’incubation.

« Il n’était pas le meilleur sur la présentation de son projet, mais sa solidité technique et sa valeur humaine m’ont convaincu d’investir quelques dizaines de milliers de dinars à titre personnel dans Wattnow », explique Noomane Fehri, pour qui la jeune pousse a tout pour devenir un leader du secteur de la consommation intelligente d’énergie en Afrique.

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Trois actionnaires pour une société

Wattnow intègre ensuite la première cohorte de Flat6Labs en Tunisie. Le premier accélérateur de start-up de la région Afrique du Nord et Moyen-Orient propose une aide de 100 000 dinars (33 300 euros), moitié en cash, moitié en service, pour une participation de 10 à 15 % dans la société.

« Pour cette première année, nous avons sélectionné 6 dossiers sur 250 demandes. Dans WattNow, ce qui nous a intéressés, c’est la technologie de l’IoT et le secteur visé, celui de l’énergie », précise Yehia Houry, le directeur général de Flat6Labs en Tunisie. Issam Smaali, Flat6Labs et Noomane Fehri se partagent l’actionnariat de la société dans des proportions qu’ils veulent garder secrètes pour le moment.

Selon une étude de GreenTech Advocates, un groupe de pression qui milite pour une consommation raisonnée de l’énergie, l’installation d’un système de surveillance en temps réel basé sur l’intelligence artificielle pour permettre une économie serait de 25 à 35 %. Issam Smaali ne va pas aussi loin et table plutôt sur une économie moyenne de 10 à 20 %, mais la demande est exponentielle.

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Quant à Noomane Fehri, il assure que « même si WattNow ne sera probablement pas le leader mondial sur cette niche, elle sera un leader continental et a tout pour être rentable et pérenne ». La société, qui emploie 4 salariés et 3 stagiaires, envisage une levée de fonds de 500 000 dollars pour basculer dans un déploiement à grande échelle.

Avant de toucher les foyers tunisiens et africains, WattNow a proposé des tests auprès de compagnies énergivores (hôtellerie, grande distribution, promoteurs immobiliers, etc.). « Nous avons déjà installé une solution de surveillance de consommation d’électricité fournie par une start-up espagnole, mais WattNow offre une analyse des données beaucoup plus fines. Nous allons donc installer ce module supplémentaire. Cela permettra aux financiers d’avoir une vision plus détaillée du budget électricité et d’agir en conséquence », se félicite Youssef Benncir, directeur exécutif de Meddis Géant, qui gère l’hypermarché Casino de Tunis.

Au moins 5 000 appareils pour atteindre l’équilibre

Cette approche BtoB, où les clients sont des entreprises, permet un retour sur investissement plus rapide. Mais Issam Smaali et Noomane Fehri ne comptent pas s’en contenter et espèrent aussi toucher les particuliers et contribuer à faire changer les pratiques.

« Même si WattNow ne permet l’économie que de 1% de la consommation et que seulement 1 % des foyers s’équipent, à l’échelle du pays, de la région, c’est énorme », se réjouit d’avance l’ancien ministre.

Plus concrètement, les partenaires, qui ont investi jusqu’ici 140 000 dinars, espèrent amener leur société à l’équilibre d’ici deux ans, ce qui suppose l’installation de 5 000 à 10 000 appareils – sur le prix desquels ils n’ont pas tenu à communiquer.

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