Éthiopie : le leader de l’opposition Merera Gudina a été libéré

Dans le cadre d’une amnistie en faveur de plus de 500 personnes, Merera Gudina, l’un des principaux dirigeants de l’opposition éthiopienne, emprisonné depuis fin 2016, a été libéré mercredi.

Le président du Congrès Fédéral Oromo (OFC) Merera Gudina sur ESATtv Ethiopia le 9 juillet 2016. © Capture d’écran YouTube/ESATtv Ethiopia

Le président du Congrès Fédéral Oromo (OFC) Merera Gudina sur ESATtv Ethiopia le 9 juillet 2016. © Capture d’écran YouTube/ESATtv Ethiopia

Publié le 17 janvier 2018 Lecture : 3 minutes.

Merera Gudina, président du Congrès Fédéral Oromo (OFC), n’a pas perdu de temps. Dès sa remise en liberté, ce mercredi 17 janvier, il a appelé le gouvernement à négocier avec les organisations politiques pour conduire l’Éthiopie vers une démocratie et l’unité nationale. « Ce sera une bonne chose si le gouvernement conduit des négociations honnêtes avec les forces politiques qui jouissent d’un soutien massif, afin de créer une Éthiopie démocratique qui garantisse l’équité entre tous », a déclaré Merera Gudina après sa libération à Addis-Abeba.

Le dirigeant, âgé de 61 ans, est le premier opposant de haut rang à être relâché depuis la promesse du Premier ministre, Hailemariam Desalegn, le 3 janvier dernier, de libérer un certain nombre d’hommes politiques. Merera Gudina avait été arrêté en 2016 suite aux manifestations anti-gouvernementales qu’a connu le pays en 2015 et 2016.

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Ces manifestations, qui s’étaient ensuite étendues à la région Amhara (nord), avaient été violemment réprimées par les forces de l’ordre, faisant au moins 940 morts selon la Commission éthiopienne des droits de l’homme, liée au gouvernement. Elles avaient également été suivies par la déclaration de l’état d’urgence entre octobre 2016 et août 2017.

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De retour d’un voyage en Europe, où Merera Gudina avait dénoncé à Bruxelles l’état d’urgence devant des parlementaires européens, celui-ci avait été appréhendé et inculpé, notamment pour incitation aux émeutes. Il était également accusé d’avoir préparé un coup d’État.

Accueilli en héros

Plus d’un millier de personnes sont venues saluer Merera Gudina, dès son arrivée à son domicile de la banlieue de la capitale ce mercredi, selon un journaliste de l’Agence France-Presse. Certains de ses partisans ont lancé des slogans appelant à la libération d’autres hommes politiques de l’ethnie oromo.

Nous continuerons la lutte pour notre peuple de manière pacifique et dans la légalité

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Depuis son domicile, l’opposant a déclaré devant des journalistes qu’il était « très heureux » d’être libre et a demandé au gouvernement de poursuivre la libération de prisonniers. « Nous continuerons la lutte pour notre peuple de manière pacifique et dans la légalité », a ajouté Merera.

Une large amnistie

Le gouvernement avait déjà annoncé lundi 15 janvier que 528 personnes, pour la plupart accusées d’implication dans des violences ethniques à la frontière entre les régions oromo et somali (sud), seraient libérées et que les charges à leur encontre seraient abandonnées. Selon la radio-télévision d’État Fana Broadcasting Corporate, 115 prisonniers ont retrouvé la liberté mercredi.

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La libération de Merera Gudina figurait parmi les principales requêtes des protestataires oromo, la plus importante ethnie du pays.

Des centaines de prisonniers de conscience continuent à languir en prison

Amnesty International a salué sa libération dans un communiqué, mais a appelé le gouvernement éthiopien à relâcher les autres « prisonniers de conscience ».

« Des centaines de prisonniers de conscience continuent à languir en prison, accusés ou poursuivis pour avoir exercé légitimement leur liberté d’expression ou simplement pour avoir défendu les droits de l’homme », a déclaré Netsanet Belay, directeur d’Amnesty International en Afrique.

Fractures au sein du pouvoir

La décision de libérer des prisonniers a été prise dans un contexte de fractures apparues récemment au sein de la coalition au pouvoir. Deux de ses hauts responsables, dont le président de l’Assemblée nationale, Abadula Gemeda, un Oromo, ont ainsi annoncé leur démission, avant de revenir sur leur décision.

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Hailemariam Desalegn n’avait donné aucune indication sur le nombre de personnes concernées par ces libérations, ni si la mesure s’étendrait à ceux considérés comme des prisonniers politiques par les groupes de défense des droits de l’Homme et les opposants.

Si le nombre exact de prisonniers dans les geôles éthiopiennes reste inconnu, plus de 21 000 personnes, selon des chiffres officiels, ont été arrêtées dans le cadre de l’état d’urgence et deux tiers ont ensuite été relâchées.

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