Nigeria : « Des signaux fragiles de l’émergence économique »

Sortie de la récession, la première économie d’Afrique se projette à nouveau comme un futur pays émergent, selon Emmanuelle Boulestreau, chef du Service économique régional de l’Ambassade de France au Nigéria. Il lui reste néanmoins des défis à relever, notamment sur l’inclusion de la croissance.

Un marché à Lagos en 2016 © Sunday Alamba/AP/SIPA

Un marché à Lagos en 2016 © Sunday Alamba/AP/SIPA

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Publié le 18 janvier 2018 Lecture : 2 minutes.

Lors d’une conférence organisée le 12 janvier au CEPII, principal centre français d’étude et de recherche en économie internationale, Emmanuelle Boulestreau, chef du Service économique régional de l’Ambassade de France au Nigéria a présenté les récents développements de l’économie nigériane.

L’économie nigériane est sortie de la récession

L’économie du Nigeria a rebondi au deuxième trimestre 2017, avec +0,7 %, après 15 mois consécutifs de contraction. La sortie de la récession a été confirmée au troisième trimestre 2017, avec 1,4 % de croissance. Cette dynamique reste cependant fragile, tirée par le secteur pétrolier (+26 % au troisième trimestre 2017) et l’agriculture, tandis que la croissance des autres secteurs est toujours négative. Selon le FMI, la croissance économique devrait être de 0,8 % en 2017 et de 2,1 % en 2018, le Nigéria demeurant la plus grosse économie d’Afrique en 2016, avec 416 milliards de dollars.

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« Sorti de crise, le Nigeria se projette de nouveau comme une future économie émergente », a ainsi avancé Emmanuelle Boulestreau. Il en a déjà certains attributs. Sur le plan démographique, il représente la première population du continent, qui devrait talonner l’Inde et la Chine d’ici à 2050. C’est également la plus grosse économie d’Afrique, « avec une classe moyenne qui compte pour 20 % de la population », souligne-t-elle.

Toujours vulnérable à la baisse du prix du pétrole

Le secteur privé est dynamique, avec un poids important des industries créatives, des groupes panafricains (banques, télécoms, conglomérats tels que Dangote Group) et une élite économique, comptant presque une vingtaine de milliardaires en dollars et plusieurs dizaines de milliers de millionnaires.

Développer l’économie non-pétrolière

Plusieurs défis restent cependant à relever, notamment sur sa dépendance au pétrole. Même si son poids a reculé dans l’économie nigériane, ce secteur continue de compter pour la majeure partie des exportations, ce qui rend le pays vulnérable à la baisse du prix du pétrole. En termes d’infrastructures, réformer le secteur électrique est prioritaire, avec une production inférieure aux besoins. D’où une autoproduction coûteuse et polluante.

Un régime de croissance peu redistributif

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Enfin, l’économie nigériane est assez peu extravertie, avec un poids du commerce extérieur limité. Une meilleure insertion dans l’économie mondiale serait bénéfique au pays, en lui permettant d’améliorer sa compétitivité. De même, le pays est traversé par plusieurs difficultés sur le plan socio-politique, avec des problèmes sécuritaires et « un régime de croissance peu redistributif », précise Emmanuelle Boulestreau, qui accentue les disparités géographiques.

« Le gouvernement répond cependant à ces enjeux », ajoute-t-elle. L’État fédéral mène une politique budgétaire volontariste, avec une forte augmentation des dépenses d’investissements, ainsi que des réformes structurelles, visant à améliorer le climat des affaires et à renforcer la gouvernance économique. L’administration a également lancé un plan de développement ambitieux, avec une réforme du secteur électrique, financé par les bailleurs internationaux, tandis que la Banque centrale mène une politique agressive de financement de l’économie.

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