Mondial 2014 : Jay-Jay Okocha, le « Super Eagle » qui manque au Nigeria
Au moment où le Nigeria dispute sa cinquième Coupe du monde, les dribbles déroutants d’Augustine Azuka Okocha dit Jay-Jay Okocha, semblent faire défaut aux Super Eagles. Retour sur le parcours d’une légende du football qui a longtemps fait rêver au-delà des frontières de son pays.
Au pays de Rashidi Yekini, Daniel Owefen Amokashi, Nwankwo Kanu ou Emmanuel Amunike, il n’est pas facile de se démarquer. Sauf si on s’appelle Jay-Jay Okocha. Toutes ces légendes du football africain ont certes été au moins une fois dans leur carrière sacré meilleur joueur du continent, mais seul Okocha a figuré sur la liste Fifa 100 concoctée par le Roi Pélé et reprenant les noms de 125 footballeurs qui ont marqué leur génération.
Qui a oublié ces rapides déplacements de jambes, ces dribbles déroutants, cette puissance de frappe qui ont fait la marque de fabrique de l’artiste dans tous les clubs où il a évolué, mais aussi en sélection nigériane. Un vrai régal pour les amoureux de beaux gestes techniques !
>> Best of Jay-Jay Okocha en vidéo <<
Okocha ou l’art de "donner du plaisir"
"Le football est fait d’abord pour s’amuser et donner du plaisir", répète souvent Jay-Jay, de son vrai nom Augustine Azuka Okocha. Aujourd’hui âgé de 40 ans, retraité et membre du comité technique de la Fédération nigériane de football (NFF), il essaye, à sa manière, d’insuffler sa philosophie aux Super Eagles, qualifiés pour la phase finale de la Coupe du monde 2014. Et il n’hésite pas à le faire savoir, surtout lorsque les choses ne tournent pas rond. Comme après ce match nul et vierge concédé face à l’Iran lors de la première journée du Mondial au Brésil.
"C’était un match gagné d’avance mais nous n’en avons pas profité, nous avons été insuffisants tactiquement. Le jeu tactique des Eagles était d’une pauvreté… J’en tiens Keshi [sélectionneur nigérian, NDRL] pour responsable", a déclaré Okocha, soulignant toutefois la "créativité" de l’attaquant Peter Odemwingie, entré en cours de jeu.
>> Lire aussi : au Brésil, le Nigeria peut y croire !
Parce que créatif, lui, il était à son époque. Percutant milieu de terrain offensif , il aimait souvent aller défier les défenseurs adverses pour faire la différence, quitte à sacrifier le jeu collectif. Il n’a que 18 ans lorsque ce natif d’Enugu, dans le sud-est du Nigeria, est repéré par Eintracht Francfort en 1992 après un bref passage dans un club de troisième division allemande. L’année suivante, Okocha marque le but de l’année de la Bundesliga. Un but resté dans les annales, non seulement parce que Jay-Jay a, balle aux pieds, tourné en ridicule le grand Oliver Khan, mais aussi parce qu’il a enchaîné des dribbles dans la surface de réparation.
>> Revoir le but de l’année 1993 dans la Bundesliga <<
Okocha en or
La même année, il rejoint les Super Eagles qui s’apprêtent à aller disputer la première Coupe du monde de l’histoire du Nigeria. Au passage, il remporte la Coupe d’Afrique des Nations 1994 organisée en Tunisie. Le jeune homme de 21 ans est encore à l’ombre de ses aînés Amunike, Amokachi et Yekini, des stars nationales. Pour avoir sa place dans l’équipe nationale, il lui faudra attendre les Jeux olympiques d’Atlanta en 1996. Avec Nwankwo Kanu ou encore Taribu West, le Nigeria de Jay-Jay Okocha triomphe de l’Argentine d’Hernan Crespo et devient la première équipe africaine de football à remporter les JO.
C’est la naissance d’une star. D’abord à Fenrbahçe (1996-1998) en Turquie, puis au PSG (1998-2002) en France, mais aussi à Bolton Wanderers (2002-2006) en Angleterre où il est considéré comme deuxième plus grand joueur de l’histoire du club. Partout, Okocha convainc. Et les supporters l’adulent. Avec le maillot de l’équipe nationale du Nigeria, il est également sacré meilleur joueur de la CAN 2004 en Tunisie, malgré la troisième place des Super Eagles.
Arrivé vers la fin de sa carrière, après avoir disputé trois phases finales de la Coupe du monde (1994, 1998, 2002), Okocha se décide d’aller au Qatar SC en 2006. Une saison au Moyen-Orient sans trop briller : 6 buts en 41 matches. Il ne peut pas arrêter sur cette fausse note. L’international nigérian revient dès la saison suivante en Angleterre pour aider Hull City à monter en Premier League. Après ce baroud d’honneur, Jay-Jay raccroche les crampons. Il espère désormais voir la nouvelle génération des Super Eagles faire mieux que la sienne : gagner la Coupe du monde ! Tous les rêves ne sont-ils pas permis au football ?
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Par Trésor Kibangula
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