Maroc : « Gas to Power est un projet hors-norme en Afrique »

Associé au sein du cabinet d’avocats DLA Piper Casablanca, en charge des dossiers infrastructures et énergie, Saad El Mernissi revient sur l’un des appels d’offres les plus convoités en Afrique pour 2018 : le projet « Gas to Power », complexe gazier pharaonique à Jorf Lasfar.

Saad El Mernissi, associé au sein du cabinet d’avocats DLA Piper Casablanca, en charge des dossiers infrastructures et énergie. © DR

Saad El Mernissi, associé au sein du cabinet d’avocats DLA Piper Casablanca, en charge des dossiers infrastructures et énergie. © DR

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Publié le 19 janvier 2018 Lecture : 2 minutes.

Le projet « Gas to Power », l’un des appels d’offres les plus convoités en Afrique pour 2018, est un complexe gazier à Jorf Lasfar (El Jadida), évalué à 4,6 milliards de dollars, comprenant un terminal de gaz naturel liquéfié (GNL), un gazoduc, deux centrales électriques et une unité de regazéification. Saad El Mernissi, associé au sein du cabinet d’avocats DLA Piper Casablanca, détaille les conditions d’attribution de ce projet.

Jeune Afrique : Le 14 janvier, le ministre marocain de l’Énergie, Aziz Rabbah, a confirmé lors d’une interview accordée à Bloomberg à Abu Dhabi, que l’appel d’offres international pour le projet « Gas to Power » serait lancé dans le courant de l’année. Quels en sont les aspects remarquables ?

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Saad El Mernissi : C’est tout d’abord l’un des plus grands projets de cet ordre en Afrique. Lors de l’appel lancé en 2015 par l’Office Nationale de l’Électricité et de l’Eau (ONEE), plus de 90 entreprises se sont positionnées. C’est la première fois qu’une initiative marocaine dans le secteur de l’énergie provoque un tel engouement. C’est un projet hors-norme en Afrique sur lequel tous les principaux énergéticiens ont répondu présents.

Trois opérateurs américains ont également répondu à l’appel d’offres

C’est le cas, par exemple, des Japonais de Mitsubishi, des Saoudiens d’Acwa Power, des Emiratis de Taqa, des Espagnols de Gas Natural, des Italiens d’Enel, des Français d’EDF et Engie, du leader marocain Nareva…

>>> A LIRE – L’ONEE succombe à l’offre des avocats d’Ashurst sur le gas to power !

Trois opérateurs américains ont également répondu, dont General Electric, alors même qu’historiquement, ils ne sont pas très présents dans le secteur de l’énergie au Maroc. Cette nouveauté s’explique surtout par leur grande expertise en matière de gaz naturel liquéfié (GNL).

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« Gas to Power » nécessite pourtant des compétences multi-techniques rares…

En effet, le sujet technique est très spécifique sur ce dossier avec plusieurs composantes : une infrastructure portuaire avec le terminal GNL, une unité de regazéification, un gazoduc qui doit relier le terminal aux unités de production, et les deux centrales électriques à cycle combiné au gaz.

 Il est très possible que […] certaines entreprises s’allient pour remporter l’appel d’offres

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Des métiers différents qu’il n’est pas évident de retrouver chez un seul opérateur. D’ailleurs, il est très possible que parmi les entreprises qui ont manifesté leur intérêt en 2015, certaines s’allient pour remporter l’appel d’offres.

Quel rôle doit jouer l’Office Nationale de l’Électricité et de l’Eau (ONEE) dans le projet ?

Comme pour les autres projets développés au Maroc sous la forme IPP (production indépendante d’électricité), l’ONEE va devoir gérer la matière première, ici le GNL. C’est lui qui doit assurer l’approvisionnement et donc assumer le risque sur la fluctuation des cours durant la période du contrat.

Cet approvisionnement pourra prendre deux formes. Soit celle d’un accord entre États, comme l’ont signé en 2016 la Russie et la Chine au travers duquel Gazprom et CNPC se sont engagés pour 30 ans à hauteur de 38 milliards de m³ de gaz livrés par an, soit l’ONEE conclura un accord directement avec un acteur du secteur. Pour l’instant, cette question n’est pas tranchée.

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