Burkina Faso : ils veulent être calife à la place du calife !
Pour le moment, ils font tous front commun face à une éventuelle candidature de Blaise Compaoré en 2015. Mais tous ont aussi des ambitions personnelles en cas d’alternance. De Zéphirin Diabré à Roch Marc Christian Kaboré en passant par Benewende Sankara, revue d’équipe de ces opposants qui se verraient bien au pouvoir l’année prochaine.
Zéphirin Diabré – UPC
© Hippolyte Sama pour Jeune Afrique
C’est le leader des opposants, dont il estime être le "porte-parole attitré" en raison de son statut de chef de file de l’opposition politique (CFOP). À 54 ans, Zéphirin Diabré, patron de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), mène la fronde contre l’hypothèse d’un maintien au pouvoir de Blaise Compaoré après 2015. Ancien du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le parti au pouvoir, il a aussi été ministre dans les années 1990 avant de migrer vers des institutions ou entreprises internationales, tels l’ONU ou Areva, dont il a été le "M. Afrique" de 2006 à 2011.
En mars 2010, il créé l’UPC en vue des élections législatives et municipales de 2012. En deux ans, il en fait la deuxième force politique du pays, avec 19 députés et 1 615 conseillers municipaux. Après s’être battu contre la création du Sénat, cet homme prudent est désormais fermement déterminé à empêcher la tenue d’un référendum sur la modification de la Constitution, dont l’objectif est de permettre à "Blaise" de pouvoir se représenter. Zéphirin Diabré ne fait aujourd’hui plus mystère de ses ambitions présidentielles et affirme ne pas avoir "de complexe vis-à-vis de qui que ce soit".
Roch Marc Christian Kaboré – MPP
© Virginie Lefour AFP
Ancien fidèle parmi les fidèles de Blaise Compaoré, dont il a longtemps été considéré comme le dauphin, Roch Marc Christian Kaboré a bousculé le paysage politique burkinabé en claquant, le 4 janvier dernier, la porte du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). Accompagné de deux autres proches du président, Simon Compaoré et Salif Diallo, et de dizaines de cadres du parti, l’ancien Premier ministre a créé dans la foulée le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP).
Nouvelle figure centrale de l’opposition, il n’en est pas moins critiqué par une partie de ses compatriotes, qui dénoncent son retournement de veste tardif et son opportunisme. Imperméable aux critiques, lui ne pense désormais qu’à une chose : prendre la place de celui qu’il a servi pendant plus d’un quart de siècle.
Hama Arba Diallo – PDS/Metba
© AFP/Getty Image
Hama Arba Diallo, 75 ans, est un vieux briscard de la scène publique burkinabè. Le député-maire de Dori (nord-est) a très tôt milité en politique et a été un proche de Thomas Sankara, dont il fut ministre des Affaires étrangères avant de s’en démarquer. En 2010, il avait finit second de l’élection présidentielle avec 8% des voix.
À la tête du Parti pour la démocratie et le socialisme/parti des bâtisseurs (PDS/Metba), il a subit un revers lors des législatives de 2012, ne disposant plus que de 2 sièges à l’Assemblée nationale. Il reste toutefois une figure influente et respectée de l’opposition. Son discours et son carton rouge symbolique à Blaise Compaoré, lors du grand meeting du 31 mai à Ouagadougou, avaient fait sensation.
Benewende Stanislas Sankara – Unir/PS
© Sophie Garcia
Malgré son patronyme, Benewende Stanislas Sankara n’a aucun lien de parenté avec le capitaine révolutionnaire. Ce qui ne l’empêche pas de défendre depuis des années l’héritage de l’ancien président assassiné en 1987. Ancien militant au sein du Comité de défense de la révolution, cet avocat de formation s’est fait connaître en défendant des dossiers brûlants.
Opposant historique de Blaise Compaoré, le patron de l’Union pour la renaissance/Parti sankariste (Unir/PS) s’est, à 55 ans, déjà présenté aux élections présidentielles de 2005 et 2010, refusant de procéder au boycott. Son parti compte aujourd’hui 4 députés à l’Assemblée nationale. Il a affirmé à maintes reprises qu’il ferait tout pour empêcher un référendum sur la modification de l’article 37 de la Constitution.
Ablassé Ouédraogo – Le Faso autrement
© Hippolyte Sama pour Jeune Afrique
Le président du parti Le Faso autrement croit dur comme fer à ses chances en 2015. Avant de se lancer à son compte, fin 2011, Ablassé Ouédraogo a, comme d’autres opposants, évolué dans l’ombre du régime Compaoré. Ancien membre du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), il a été successivement ministre des Affaires étrangères (1994-1999) puis conseiller spécial de Blaise Compaoré. Économiste reconnu, il passe ensuite par plusieurs institutions internationales, notamment en tant que directeur général adjoint de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Après avoir joué les médiateurs dans différentes crises africaines, comme Madagascar, celui qui se définit comme un "progressiste libéral" entend désormais peser sur l’avenir de son pays. Élu député en 2012, Ablassé Ouédraogo pense que "Blaise" ne se représentera pas – "je ne le vois pas prendre des mesures qui conduirait le pays au chaos", glisse-t-il à propos du président – et affirme d’ores et déjà que lui sera candidat en 2015.
Gilbert Noël Ouédraogo – ADF/RDA
© ADF/RDA
Tout le monde le présente comme l’arbitre du combat en cours entre Blaise Compaoré et l’opposition. Gilbert Noël Ouédraogo, 46 ans, est député-maire d’Ouahigouya et leader de l’Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA). Troisième force politique du pays (elle compte 18 députés à l’Assemblée nationale), elle se situe dans la mouvance présidentielle mais est fermement opposée à un référendum sur la modification de l’article 37.
Ancien chef de file de l’opposition, mais aussi ministre des Transports après avoir soutenu le chef de l’État en 2005, le fils de l’ancien Premier ministre Gérard Kango Ouédraogo oscille entre opposition et majorité depuis des années. En s’opposant au référendum, il ferait probablement pencher la balance en faveur de l’alternance et se positionnerait comme un candidat sérieux à la présidentielle de 2015.
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Benjamin Roger
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