Soudan : la Soudanaise condamnée pour apostasie est à nouveau détenue par la police
Le calvaire n’est pas terminé pour Meriem Ishag. Sa condamnation à mort pour « apostasie » il y a deux mois avait défrayé la chronique internationale. Alors qu’elle essayait de quitter le pays au lendemain de sa libération, elle a été de nouveau arrêtée.
"La sécurité nationale l’a arrêtée avec Daniel", a déclaré une source proche de la jeune femme de 26 ans, en faisant référence à l’époux de Meriem Yahia Ibrahim Ishag, un citoyen américain. Le sort de ses deux enfants, dont un nourrisson né en prison, n’était pas connu dans l’immédiat.
Le couple a été arrêté aux environs de 11H00 GMT alors qu’il tentait de quitter le pays. Il a été emmené dans des locaux du Service national de renseignement et de sécurité (Niss). "C’est son droit de quitter le pays", s’est insurgé ce proche, sans être en mesure de donner plus de détail.
Née d’un père musulman mais élevée par sa mère chrétienne, Meriam Yahia Ibrahim Ishag, avait été condamnée à mort le 15 mai en vertu de la loi islamique en vigueur au Soudan qui interdit les conversions.
Mariée à un chrétien et déjà mère d’un garçon de 20 mois, qui avait été emprisonné avec elle, la jeune femme avait également été condamnée à 100 coups de fouet pour "adultère". Selon l’interprétation soudanaise de la charia, toute union entre une musulmane et un non-musulman est considérée comme un "adultère".
Le verdict avait soulevé un tollé et provoqué une mobilisation en Occident et parmi les organisations de défense des droits de l’homme avant d’être annulé lundi par une cour d’appel qui avait ordonné la libération de Mme Ishag. Près d’un million de personnes avaient signé une pétition sur le site Change.org, réclamant de lui laisser la vie sauve.
>> Lire aussi : La Soudanaise condamnée à mort pour apostasie a été libérée
Libérée, elle craint toujours pour sa vie
L’affaire remonte à 2013 quand "un groupe d’hommes affirmant être des proches de Meriam" ont poursuivi en justice la jeune femme qui, en fait, ne les a jamais connus, selon le communiqué.
À l’annonce de sa libération lundi, la jeune femme s’était immédiatement cachée "avec son mari et ses deux enfants dans un lieu sûr", craignant pour sa vie, selon l’un de ses avocats, Me Mohannad Moustafa.
Mervyn Thomas, directeur exécutif de l’organisation Christian Solidarity Worldwide, avait déclaré que son groupe se réjouissait "de l’annulation des verdicts injustes et inhumains" ajoutant que son organisation était alarmée par "les menaces et les discours de haine" dirigés contre la jeune femme et ses avocats.
"Son soi-disant frère a publiquement affirmé que la famille appliquerait la sentence si elle est acquittée", a assuré cette organisation qui œuvre pour la liberté religieuse.
(Avec AFP)
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