Le président égyptien Sissi candidat à sa propre succession
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a annoncé vendredi son intention de briguer un second mandat, lors de l’élection présidentielle prévue en mars 2018.
Abdel Fattah al-Sissi, qui dirige le pays d’une main de fer depuis son arrivée au pouvoir en 2014, a fait cette annonce dans un discours prononcé lors d’une conférence au Caire destinée à détailler les réalisations de sa présidence, et retransmis en direct par la télévision publique.
« Je vous annonce en toute honnêteté et transparence (..) et en espérant que vous l’accepterez, ma candidature pour le poste de président de la République », a-t-il dit. M. Sissi fait figure de grand favori dans cette élection présidentielle qui doit se tenir à partir du 26 mars, et qui est jugée « perdue d’avance » par l’opposition.
Durant la conférence, M. Sissi a appelé les Égyptiens à participer massivement au scrutin, ajoutant : « Votez pour qui vous voulez ».
Premier tour du 26 au 28 mars
Son annonce est intervenue à la veille de l’arrivée en Égypte du vice-président américain Mike Pence, qui effectue sa première tournée au Proche-Orient devant le conduire également en Jordanie et en Israël.
En 2013, alors chef de l’armée, M. Sissi avait destitué et arrêté l’islamiste Mohamed Morsi, le premier président démocratiquement élu d’Égypte, avant de lancer une répression féroce contre ses partisans, dont des milliers ont été arrêtés et des centaines tués, ainsi que contre l’opposition libérale.
Les aspirants à la présidentielle ont jusqu’au 29 janvier pour enregistrer leur candidature. La campagne présidentielle doit débuter officiellement le 24 février et finir le 23 mars. Selon l’Autorité nationale des élections, le premier tour de la présidentielle aura lieu du 26 au 28 mars et un second tour se tiendra, si besoin, du 24 au 26 avril.
Candidatures incertaines
Il s’agira du troisième scrutin présidentiel depuis la chute en 2011 du régime de Hosni Moubarak, chassé du pouvoir par une révolte populaire lors du Printemps arabe.
Lundi, le neveu de l’ancien président Anouar El-Sadate, Mohamed El-Sadate, devenu une voix dissidente, a annoncé qu’il ne serait pas candidat à la présidentielle, dénonçant un climat non propice pour un scrutin libre. Il a notamment pointé du doigt l’absence de « garanties claires sur l’intégrité et l’impartialité des institutions de l’Etat » accusées de prendre parti pour le pouvoir.
De nombreux rebondissements ont émaillé cette période préélectorale ces dernières semaines. L’ancien Premier ministre Ahmed Chafiq, qui avait annoncé son intention de se présenter depuis son domicile aux Émirats arabes unis, s’est rétracté début janvier à son retour au Caire.
L’opposant et avocat des droits de l’homme Khaled Ali a lui lancé sa campagne mais un procès contre lui laisse planer l’incertitude sur sa candidature, tandis que le patron du club de football égyptien de Zamalek, Mortada Mansour, a lui aussi annoncé son intention de se porter candidat, reconnaissant toutefois qu’il pourrait avoir des difficultés à recueillir un nombre suffisant de parrainages.
Un pays en état d’urgence
M. Sissi est régulièrement accusé par des organisations internationales de défense des droits de l’homme d’avoir instauré un « régime répressif » qui ne tolère aucune opposition depuis la destitution de Mohamed Morsi, l’ancien président en prison et condamné dans plusieurs procès.
Ses détracteurs estiment qu’il a refermé la parenthèse démocratique ouverte avec le soulèvement de 2011.
L’Égypte est sous état d’urgence depuis le mois d’avril après des attentats meurtriers contre des églises coptes, revendiqués par le groupe État islamique (EI).
Le pays est la cible de multiples attentats depuis 2013, menés principalement par l’EI qui s’attaque aux forces de sécurité surtout dans le nord du Sinaï. De nombreux policiers et soldats, ainsi que des civils, ont été tués dans ces attaques.
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