Égypte : la condamnation de trois journalistes d’Al-Jazira fait scandale

Après le verdict rendu lundi par un tribunal égyptien condamnant à des peines de 7 à 10 ans de prison trois journalistes d’Al-Jazira accusés de soutien aux islamistes, la communauté internationale s’élève contre cette décision jugée « effrayante » par Washington.

Un journaliste d’Al-Jazira après sa libération pour raisons de santé, le 17 juin 2014 au Caire. © AFP

Un journaliste d’Al-Jazira après sa libération pour raisons de santé, le 17 juin 2014 au Caire. © AFP

Publié le 24 juin 2014 Lecture : 2 minutes.

C’est depuis Bagdad que John Kerry a réagi quelques heures après l’annonce, le 23 juin, du verdict d’un tribunal égyptien condamnant trois journalistes d’Al-Jazira à des peines de 7 à 10 ans de prison. "Une sentence effrayante et draconnienne", a estimé, le 23 juin, le secrétaire d’État américain qui avait profité de sa visite de la veille en Égypte pour demander au président Abdel Fattah al-Sissi de respecter les libertés publiques.

Visiblement, le message de Kerry n’a pas été entendu. Ce qui inquiète Washington. "La société égyptienne est plus solide lorsque tous ses citoyens ont leur mot à dire et ont intérêt à la voir réussir. Les peines prononcées aujourd’hui vont à l’encontre du rôle essentiel joué par la société civile, une presse libre et un véritable État de droit", s’est indigné le secrétaire d’État américain, cette fois, dans un communiqué, soulignant qu’il s’est entretenu de nouveau avec son homologue égyptien, Sameh Choukri, lundi "pour lui faire clairement part de [sa] profonde inquiétude quant à ces condamnations".

la suite après cette publicité

"Le journalisme n’est pas un crime"

En attendant une éventuelle grâce que la Maison Blanche a sollicité auprès des autorités égyptiennes en faveur des journalistes condamnées, une campagne de mobilisation internationale sous le slogan "le journalisme n’est pas un crime" a été lancée. Et des réactions fusent également de partout.

L’Australie s’est dite "consternée", exigeant également une grâce de Peter Greste. "Il n’y a aucun doute que cette affaire était au départ motivée par des raisons politiques", a déclaré mardi sur la radio ABC Julie Bishop, la ministre australienne des Affaires étrangères. Les Pays-Bas et le Royaume-Uni ont convoqué les ambassadeurs d’Égypte. La représentante de l’ONU pour les droits de l’homme, Navi Pillay, s’est dite "choquée et très alarmée". Ce verdict est "un jour noir pour la liberté de la presse en Égypte", a estimé pour sa part Amnesty International. Pour Human Rights Watch, ce verdict montre "comment les juges égyptiens ont été pris dans l’hystérie anti-Frères musulmans encouragée par Sissi".

"Continuer à se battre"

la suite après cette publicité

"Nous sommes dévastés, c’est dur de trouver les mots pour décrire ce que nous ressentons. Ce n’est vraiment pas ce que nous attendions, nous espérions un acquittement", a déclaré Andrew Greste, dont le frère a reçu plusieurs prix prestigieux. "Nous continuerons à nous battre pour sa libération".

Pour Chaabane Saïd, avocat de la défense, "tous les journalistes devraient désormais s’inquiéter : il n’y a pas de justice, c’est la politique qui fait loi".

la suite après cette publicité

Al-Jazira, que l’Égypte considère comme le porte-voix du Qatar auquel elle reproche son soutien aux Frères musulmans, a qualifié le verdict d’"injuste". "Il n’y a aucune justification à la détention de nos trois collègues. Les avoir gardés en détention 177 jours est une honte. Les condamner défie la logique, le bon sens et toute apparence de justice", a réagi la chaîne qatarie.

Sur les neuf qui étaient détenus, outr Fahmy, Greste et Baher, deux ont été acquittés et quatre ont écopé de sept ans. Huit autres accusés jugés en leur absence ont écopé de 10 ans de prison.

(Avec AFP)

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires