Égypte : sept à dix ans de prison pour les journalistes d’Al-Jazira

Les juges égyptiens ont  rendu leur verdict dans le procès de journalistes et employés de la chaîne qatarie Al-Jazira. Accusés d’entretenir des liens avec les Frères musulmans et de soutenir le président destitué Mohamed Morsi, trois d’entre eux, dont un Australien, ont été condamnés à sept ans de prison ferme.

Les journalistes Peter Greste et Baher Mohamed dans leur prison du Caire, en mars 2014. © AFP

Les journalistes Peter Greste et Baher Mohamed dans leur prison du Caire, en mars 2014. © AFP

Publié le 23 juin 2014 Lecture : 2 minutes.

Mohamed Fadel Fahmy, chef du bureau d’Al-Jazira avant son interdiction, est détenu depuis près de 6 mois avec ses confrères australiens et égyptiens Peter Greste et Baher Mohamed. Tous trois avaient été arrêtés alors qu’ils couvraient la sanglante répression mise en place par le nouveau pouvoir egyptien. Sans acréditation presse, ils travaillaient dans une chambre d’hôtel. Les trois hommes viennent d’être fixés sur leur sort. Ils ont écopé, lundi 23 juin, de sept ans de prison, après avoir été déclarés coupables d’appartenir aux Frères musulmans et d’avoir soutenu Mohamed Morsi.

Baher Mohamed a également été condamné pour d’autres accusations à trois ans de prison, ce qui porte sa peine à dix ans de prison.

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Vingt personnes étaient jugées lors de ce procès, dont onze par contumace. Chacun des accusés jugés en leur absence ont également écopé de dix ans de prison. Les seize Égyptiens étaient accusés d’appartenir aux Frères musulmans, organisation décrétée "terroriste" par le pouvoir depuis décembre, et d’avoir cherché à "nuire à l’image de l’Égypte". Les quatre étrangers étaient jugés pour avoir diffusé "de fausses nouvelles" en vue de soutenir la confrérie.

"Des preuves frabriquées"

Le procureur Mohamed Barakat avait dès le début des audiences plaidé pour une application de la peine d’emprisonnement maximale, "sans pitié ni compassion", pour l’ensemble des 20 journalistes.

"Tout dans ce procès est une honte (. . . ). Nous sommes traités plus mal que si nous étions des violeurs et des assassins", a lancé lors de la dernière audience début juin le journaliste égypto-canadien Mohamed Fadel Fahmy.

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Les accusés ont régulièrement dénoncé un procès "inique" et "politique" et des preuves "totalement fabriquées". Lors des audiences, le parquet a présenté comme des "preuves" des reportages de chaînes sans lien avec Al-Jazira, des enregistrements inaudibles et même des photos de famille de journalistes, visiblement piochées au hasard dans leurs archives saisies. 

Ce procès est devenu la vitrine mondiale du sort réservé à la liberté des médias depuis l’arrivée au pouvoir d’Abdel Fattah al-Sissi. En visite au Caire à la veille de ce verdict, le secrétaire d’État américain John Kerry avait appelé l’Egypte à préserver la liberté de la presse, estimant que la transition post-Morsi était arrivée à "un moment critique".

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L’Égypte considère Al-Jazira comme le porte-voix du Qatar, auquel elle reproche son soutien aux Frères musulmans. Des accusations auxquelles Doha répond en dénonçant la féroce répression que subissent les pro-Morsi depuis sa destitution par le chef militaire Abdel Fattah al-Sissi, élu par la suite avec 96,6% des sufrages.

(Avec AFP)

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