Placé en garde à vue à Paris, un ex-officier marocain porte plainte contre Mohammed VI
L’ex-capitaine marocain Mustapha Adib a porté plainte à Paris contre le roi Mohammed VI et une trentaine de responsables civils et militaires. Il y dénonce des faits de torture et des « traitements cruels et dégradants » qui remonteraient à la fin des années 1990.
Mis à jour à 19h17.
Les relations entre Paris et Rabat, sérieusement affectées depuis février par l’incident de la "gifle de Neuilly", vont-elles se tendre à nouveau ? C’est tout l’enjeu diplomatique qui entoure la plainte déposée à Paris, vendredi 20 mai, par un ex-capitaine marocain, Mustapha Adib, laquelle vise le roi du Maroc et une trentaine de responsables militaires et civils, dont un général. L’ancien officier y expose des faits de torture et des "traitements cruels et dégradants" qui auraient été commis après qu’il eut dénoncé des actes de corruption dans l’armée marocaine.
>> Lire aussi : la gifle de Neuilly, suite mais pas fin
La plainte de Mustapha Adib intervient alors qu’il a été placé vendredi en garde à vue par les gendarmes, l’une des personnes visées dans la procédure, le général Abdelaziz Bennani, ayant affirmé avoir reçu des lettres de menaces à l’établissement du Val-de-Grâce à Paris où il est hospitalisé. "Si M. Adib a pu constater la présence de M. Bennani à l’hôpital, confirmée devant la chambre par les proches de ce dernier, il n’a pu le rencontrer physiquement ni échanger avec lui", a réagi son avocat Me Moutet, réfutant toute "menace écrite ou agression morale". L’ex-capitaine raconte quant à lui sur sa page Facebook qu’il a bien laissé mercredi une lettre au général, ex-n°2 de l’armée marocaine, le qualifiant de criminel.
"La garde à vue de Mustapha Adib, orchestrée en urgence absolue par la diplomatie française à la demande de Rabat, est une réponse totalement démesurée, qui prend évidemment sa source dans d’autres dossiers, dont Monsieur Adib est aujourd’hui la victime collatérale", a dénoncé l’avocat. Une chose est sûre : Rabat avivement réagi jeudi à l’incident. Selon l’agence de presse marocaine officielle, la MAP, "l’Ambassadeur de France au Maroc, M. Charles Fries a été reçu, jeudi à Rabat, par M. Mohamed Yassine Mansouri, Directeur Général d’Etudes et de Documentation, pour lui faire part du vif mécontentement du Royaume à la suite de la lâche agression morale dont a été victime, la veille, le Général de Corps d’Armée Abdelaziz Bennani, dans sa chambre de l’hôpital parisien de Val-de-Grâce, de la part du dénommé Mustapha Adib."
Détournement de carburant
Âgé de 45 ans, Mustapha Adib vit en France après avoir quitté le Maroc. Dans sa plainte, il explique que ses ennuis ont débuté à la fin des années 1990 quand, jeune officier dans une base aérienne, il avait dénoncé des faits de corruption, notamment de détournement de carburant par des officiers.
Il explique avoir écrit le 13 novembre 1998 à Mohamed VI, alors prince héritier, pour l’informer. Dès lors, les mesures de rétorsion auraient commencé : placement aux arrêts, reports de congés payés, violences physiques… Fin 1999, Mustapha Adib est cité dans un article du Monde sur le thème de la corruption dans l’armée marocaine, selon la plainte.
Arrêté, il aurait alors été interrogé par des officiers, dont Abdelaziz Bennani, qui lui auraient reproché d’être entré en contact avec un journaliste étranger. Finalement condamné à deux ans et demi de prison en 2000, il avait reçu le soutien de la Fédération internationale des droits de l’Homme et était resté incarcéré jusqu’en 2002.
(Avec AFP)
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