Agrobusiness : des géants asiatiques très gourmands
Olam n’est pas le seul négociant en matières premières à avoir vu les choses en grand ces dix dernières années. D’autres groupes concurrents ont voulu remonter la chaîne de production. Mais en Afrique, il reste aujourd’hui le plus exposé.
À partir de 2004, face à l’envolée des prix des matières premières, la plupart des grands négociants ont cédé à la tentation d’investir dans les plantations ou la transformation des aliments. Puisqu’ils achètent ces produits avant de les revendre, non seulement ils voient leurs coûts grimper, mais ils craignent aussi des ruptures d’approvisionnement.
« Ils ont réalisé que posséder des actifs un peu plus en amont de la chaîne de production permettrait de sécuriser leur accès à ces produits », explique Adrian Foulger, responsable des matières premières chez Standard Chartered à Singapour. Selon ce spécialiste des grands négociants asiatiques, ils ont été poussés vers ces investissements par leurs propres clients, comme Nestlé ou Unilever, inquiets de manquer de cacao, de café ou encore de farine. De plus, conséquence de cette ruée sur les matières premières, les plantations prenaient elles-mêmes de la valeur. « Les négociants ont donc réalisé qu’ils pouvaient gagner beaucoup plus d’argent en les possédant », ajoute l’analyste de la banque britannique.
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Dans ce contexte, l’Afrique, avec ses millions d’hectares de terres arables disponibles et sa diversité de cultures, suscite beaucoup d’intérêt. D’autant que le continent, où l’urbanisation et la classe moyenne sont en plein boom, devient un marché prometteur.
Marché
« Toutes les grandes entreprises de négoce ont investi en Afrique. Mais le continent reste un marché difficile, surtout si l’on intègre la chaîne de valeur et que l’on va dans plusieurs pays », explique Conrad Werner, analyste du cabinet australien Macquarie.
Olam a été très gourmand sur le continent, plus encore que l’indien Noble et le singapourien Wilmar. En règle générale, ces géants asiatiques se sont d’ailleurs montrés plus flexibles que leurs homologues américains.
Pour une entreprise comme Cargill, pourtant présente depuis longtemps dans les plantations et la transformation en Afrique, l’Amérique du Nord est ainsi restée la priorité, précise Conrad Werner.
Scrutés
Mais en dehors du champ des groupes cotés, qui doivent rester transparents, suivre les acquisitions ou cessions des entreprises privées, attachées à la discrétion, peut s’avérer difficile. « Il y a une raison pour laquelle des groupes comme Cargill ou le français Dreyfus restent privés : ils savent que leur secteur est très volatil et ils peuvent ainsi investir sur des cycles de plusieurs années. C’est plus difficile pour des entreprises cotées, dont les résultats trimestriels sont scrutés à la loupe », explique le spécialiste de Macquarie. Une marge de manœuvre dont Olam, cotée à la Bourse de Singapour, ne pouvait pas profiter.
À l’image de ce groupe, le secteur se montre désormais plus frileux, en Afrique comme ailleurs dans le monde, souligne Adrian Foulger, citant l’exemple de Bunge. Le groupe coté à New York cherche ainsi à se désengager de ses activités dans le sucre au Brésil.
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