La Tunisie sort de la « liste noire » européenne des paradis fiscaux
Les ministres des Finances de l’Union Européenne ont retiré huit pays de leur liste noire des « juridictions non coopératives en matière fiscale », parmi lesquels la Tunisie, lors d’une réunion ce 23 janvier à Bruxelles.
La Tunisie, le Panama, la Corée du Sud, les Émirats Arabes Unis, la Mongolie, Macao, Grenade et Barbade « ont été retirés de la liste noire (…) après s’être engagés à remédier aux inquiétudes de l’UE », a annoncé le Conseil des ministres des Finances de l’Union européenne dans un communiqué.
« Nous sommes sortis, c’est officiel », se réjouit Hichem Ben Ahmed, le secrétaire d’État chargé du Commerce extérieur, joint par Jeune Afrique. « Les ministres européens étaient unanimes. La Tunisie devait quitter cette liste, elle l’a quitté », lance-t-il, en sortant tout juste d’une réunion.
Discussions à venir sur les questions fiscales
Le secrétaire d’État ne cache pas les efforts consentis par ses équipes et les multiples navettes qui ont été nécessaires depuis un mois pour clarifier la situation. Mais le travail a payé. Tunis est du coup engagée dans un dialogue avec l’UE.
« Nous avons promis de travailler sur de nombreux points un peu techniques qui concernent la fiscalité. Il y aura des discussions avec nos partenaires européens à ce sujet », promet le secrétaire d’État.
La liste – qui comporte encore neuf pays après ces huit retraits – avait été adoptée le 5 décembre 2017. Le secrétaire d’État tunisien au Commerce extérieur, Hichem Ben Ahmed était alors présent à Bruxelles pour représenter la Tunisie.
Un coup de pression pour faire signer l’Aleca ?
Comme l’expliquait Jeune Afrique, ce dernier était en charge du dossier « liste noire » pour une bonne raison : il négociait déjà pour la Tunisie dans le dossier de l’accord de libre-échange avec l’Europe (Aleca). La veille de l’annonce, le secrétaire d’État se montrait d’ailleurs déjà très optimiste concernant le retrait de la Tunisie de la liste émise par l’Union européenne sur Shems FM.
Elyès Jouini, ancien ministre au sein du gouvernement provisoire tunisien jusqu’en mars 2011, insistait cependant sur la fait que, selon lui, l’inscription de la Tunisie sur la liste des « juridictions non coopératives en matière fiscale » ne devaient pas être lue comme un moyen pour l’UE de faire pression sur le pays en vue de la signature de l’Accord de libre échange complet et approfondi (Aleca).
>>> A LIRE – Elyès Jouini : « La Tunisie n’est pas le plus mauvais élève en termes de transparence fiscale »
« Les relations entre la Tunisie et l’Union européenne sont de qualité et basées sur des intérêts mutuels. (…) Je ne pense pas qu’il y ait besoin de mettre ce genre de pression pour amener Tunis à signer des accords tant qu’ils sont mutuellement bénéfiques » affirmait alors à Jeune Afrique celui qui est désormais vice-président de l’université Paris-Dauphine. Il expliquait cependant « comprendre ceux qui pointent du doigt une forme d’hypocrisie ou de légèreté dans la manière avec laquelle l’UE a apprécié la situation ».
De fait, la sortie de la Tunisie de cette liste avait déjà été discutée le 17 janvier à Bruxelles. Dès les jours qui avaient suivi l’annonce, Pierre Moscovici, commissaire aux Affaires économiques de l’UE, avait voulu se montrer rassurant. « La Tunisie est sur la liste noire parce qu’elle a pris des engagements trop tardifs et incomplets, mais personne n’a envie qu’elle y reste », avait-il déclaré.
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