Grand format Bénin – Anacarde : l’État doit accompagner la création de nouvelles plantations
Le président du Conseil des investisseurs privés au Bénin (CIPB), Roland Riboux, livre son analyse sur le Programme d’action gouvernemental nouvellement lancé au Bénin, en particulier concernant le secteur stratégique de l’anacarde.
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Roland Riboux
Président du Conseil des investisseurs privés au Bénin (CIPB) et PDG de Fludor-Bénin (filiale du holding agro-alimentaire nigérian TGI). Le Franco-Béninois Roland Riboux a créé l’Association des industriels de la filière oléagineuse des pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (AIFO-UEMOA) en 2000 et, deux ans plus tard, le CIPB, qu’il préside depuis lors.
Publié le 2 février 2018 Lecture : 3 minutes.
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Présenté par Patrice Talon en décembre 2016, le Programme d’actions du gouvernement (PAG) 2016-2021 fait du secteur agricole l’un des principaux leviers de développement économique, de création d’emplois et de richesse. Et il met un accent particulier sur l’essor des filières agricoles à haute valeur ajoutée, dont la filière anacarde, retenue parmi les 45 projets phares identifiés pour relancer la croissance. Le projet BéninCajù a été engagé dès juin 2016 pour le développement intégré et accéléré de la filière cajou [financé par le département américain de l’Agriculture], dont les maîtres d’œuvre sont TechnoServe et Catholic Relief Services, deux ONG américaines.
Puis, le 16 février 2017, le président a installé un Comité consultatif karité anacarde chargé d’établir une feuille de route pour le développement de ces deux filières, sous la houlette du Bureau d’études et d’appui au secteur agricole (B2A), dont le responsable, Gaston Dossouhoui, a été nommé ministre de l’Agriculture lors du remaniement du 27 octobre dernier.
Le poids de l’anacarde
Le Conseil des investisseurs privés au Bénin (CIPB) organisait quant à lui le 19 mai 2017 un atelier-débat intitulé : « La filière anacarde, troisième pilier de l’économie béninoise. » L’étude présentée lors de cette rencontre a confirmé que la filière constitue un enjeu majeur pour l’avenir du pays. Si le Bénin fait passer sa production annuelle à 300 000 tonnes de noix brutes de cajou (NBC), dont la moitié sera transformée, d’ici à 2021, cela générera des revenus, pour les producteurs et transformateurs, estimés à 285 milliards de F CFA [près de 435 millions d’euros]. Soit 120 milliards liés à l’exportation de 150 000 t de NBC, auxquels s’ajoutent 165 milliards tirés de l’exportation des amandes issues du décorticage de 150 000 t de NBC.
Mieux, si l’on prend en compte la valorisation de la pomme et du charbon végétal issu de la carbonisation des coques, ainsi que la vente du baume de cajou extrait de la coque (qui peut être utilisé dans l’industrie aéronautique), le montant total des revenus de la filière pourrait s’élever à 300 milliards de F CFA – bien au-dessus des 170 milliards que rapporte actuellement la filière coton, sur la base d’une production de 450 000 t de coton-graine.
Cette forte augmentation de la contribution de la filière cajou au PIB aurait un profond impact sur l’ensemble des activités du pays, depuis les banques (qui devraient financer les investissements et crédits), jusqu’aux opérateurs portuaires et maritimes, en passant par les sociétés d’assurance, de logistique, de transit, de télécoms, etc. Il est clair que l’anacarde constituerait donc le troisième pilier de l’économie nationale, aux côtés du port de Cotonou et du coton.
Accompagnement de l’État
Pour soutenir ce choix de l’État en faveur de la filière anacarde, nous pensons qu’il est indispensable, d’une part, de mobiliser les Béninois et les autres acteurs potentiels pour qu’ils créent de nouvelles plantations et/ou en réhabilitent d’anciennes avec des standards modernes de rentabilité élevée et, d’autre part, d’inciter l’État à accompagner ce mouvement.
Enfin, nous estimons qu’il est indispensable de faire naître chez nos concitoyens une nouvelle mentalité, un « esprit planteur », comme celui qui prévaut en Côte d’Ivoire, insufflé par le président Houphouët-Boigny. À l’époque, s’ils voulaient avoir de l’avancement, les fonctionnaires avaient intérêt à être propriétaires d’une plantation de cacao ou de café au village. C’est ainsi que la Côte d’Ivoire est devenue le premier producteur mondial de cacao. Un exploit qu’elle vient de réitérer avec l’anacarde. Sa production de noix brutes est passée en cinq ans de 200 000 à 700 000 t, soit 25 % de la production mondiale, et son objectif est d’atteindre 1 million d’ici à 2020. Cela n’aurait pas été possible si « l’esprit planteur » n’avait pas été inscrit dans la mémoire collective des Ivoiriens.
L’espoir de voir la production tripler en quelques années au Bénin ne pourra se réaliser sans que cet esprit ne soit ancré dans les mentalités. C’est dans le seul objectif de le faire germer que le CIPB a lancé le mouvement « Cajou demain » et souhaite que le président Talon soutienne officiellement son initiative, afin qu’un maximum de Béninois s’y impliquent, pour leur plus grand profit, et celui de tous.
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