Objectif riz

Pour ce spécialiste de la macro-économie, il est peu probable que le niveau de couverture de la consommation africaine de riz par la production locale s’améliore encore. Mais cela ne doit pas empêcher de soutenir une filière locale solide, créatrice d’emplois.

En Casamance, première région rizicole du pays. © SYLVAIN CHERKAOUI POUR J.A.

En Casamance, première région rizicole du pays. © SYLVAIN CHERKAOUI POUR J.A.

ProfilAuteur_AlainFaujas

Publié le 31 janvier 2018 Lecture : 2 minutes.

Depuis les « émeutes de la faim » de 2008, les gouvernements d’Afrique subsaharienne ont fait de gros efforts pour accroître la production de riz, qui est devenu un élément de base de l’alimentation du continent.

Les aides, notamment pour les semences et les engrais, ont permis d’augmenter la production de paddy au rythme de 5 % par an en moyenne. La production sénégalaise a même bondi de 16 % en 2016, et l’ivoirienne a triplé depuis 2011. Ces succès ont incité les gouvernements à crier victoire et à viser l’autosuffisance.

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Pourtant, il faut savoir raison garder. Malgré d’indéniables progrès, seuls le Mali et Madagascar sont proches de fournir à leurs populations le riz dont elles ont besoin.

Équilibre de l’offre et la demande

La moyenne africaine de la couverture de la consommation nationale par la production locale tourne autour de 55 %, et il y a peu de chances que cette proportion s’améliore. En effet, les importations augmentent au même niveau que les récoltes domestiques, des Africains de plus en plus nombreux consommant de plus en plus de riz, ce qui fait croître leur demande au même rythme que la production locale.

Ce n’est pas grave. Aucune insécurité alimentaire, aucune pénurie de riz ne pointe à l’horizon. Au niveau mondial, l’offre et la demande de riz blanchi s’équilibrent parfaitement autour de 500 millions de tonnes. Comme le répète Amartya Sen, Prix Nobel 1998 pour ses travaux sur la famine, le problème n’est pas la quantité de produits alimentaires disponibles, mais les capacités monétaires des consommateurs pour acquérir ces produits. Ce qui n’est pas un problème agricole, mais de développement.

Le risque de la spéculation

Que l’autosuffisance semble hors de leur portée ne doit pas ralentir l’effort des gouvernements africains en faveur de leur filière riz. Celle-ci doit fournir plus de grains pour d’autres raisons qu’une illusoire autosuffisance. Il faut produire plus de riz pour créer des emplois et de la valeur ajoutée. Il le faut aussi pour faire tourner au maximum les rizeries, qui se plaignent de manquer de grains. Il le faut encore pour contenir les importations et économiser des devises. Il le faut enfin pour préserver autant que possible les Africains de la spéculation, qui peut à toute allure entraîner une raréfaction – sur des rumeurs – des volumes vendus à l’Afrique et y augmenter vertigineusement les prix du paddy.

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Cela suppose une professionnalisation de la filière, c’est-à-dire un respect des accords passés entre riziculteurs et rizeries pour stabiliser les approvisionnements et un financement convenable des campagnes par le système bancaire local en volume comme en taux d’intérêt. Faute de quoi le riz vietnamien demeurera imbattable…

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