Nigeria : les demi-aveux de Shell sur la pollution pétrolière de 2008

Shell reconnaît que la pollution causée par deux fuites de pétrole en 2008 au Nigeria a été plus importante qu’indiqué jusqu’à présent. L’enquête initiale avait conclu au déversement de 4 144 barils de brut. Amnesty International estime que ce chiffre atteint plus de 100 000 barils.

Environ 15 000 personnes ont subi les conséquences immédiates de ces déversements. © AFP

Environ 15 000 personnes ont subi les conséquences immédiates de ces déversements. © AFP

Publié le 13 novembre 2014 Lecture : 2 minutes.

Le géant pétrolier anglo-néerlandais Shell a admis ce jeudi 13 novembre que la pollution causée par deux fuites de pétrole en 2008 à Bodo, près de Port Harcourt, au sud du Nigeria, avait été plus importante que prévu, mais sans donner de nouveaux chiffres.

Aveux

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« Nous acceptons que le volume total de pétrole déversé après les deux fuites ait dépassé les estimations », a indiqué la filiale de Shell au Nigeria, SPDC, dans un communiqué.

Cet aveu fait suite à des informations d’Amnesty International qui dit s’être procuré des documents de justice dans lesquels Shell accepte l’idée d’avoir sous-évalué l’ampleur et l’impact de la pollution dans le delta du Niger.

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S’il admet qu’il y a eu plus de 4 144 barils (estimation avancée par l’enquête initiale), le géant pétrolier n’avance cependant pas de nouveaux chiffres. Amnesty parle pour sa part de « plus de 100 000 barils » et les experts cités par les plaignants estiment même que les fuites de 2008 ont déversé l’équivalent de 500 000 à 600 000 barils sur 6 000 hectares, privant fermiers et pêcheurs de leurs moyens de subsistance.

Procès

Un procès doit se tenir en mai 2015 devant la Haute Cour de Londres après une action en justice intentée au Royaume-Uni par 15 000 habitants de la communauté de Bodo qui réclament des indemnisations à Shell.

Dans le cadre du litige, Shell a demandé un nouveau rapport d’expertise pour évaluer l’impact sur l’environnement et les quantités de pétrole déversées. Shell Petroleum Development Company (SPDC) avait reconnu en 2011 sa responsabilité pour les fuites mais contestait les chiffres du cabinet d’avocat londonien Leigh Day qui représente les victimes. Shell estime que la majorité du pétrole répandu provient de tentatives pour pomper illégalement du pétrole sur les oléoducs.

Les victimes ont rejeté en 2013 la proposition d’indemnisation de Shell qu’ils ont qualifié de « dérisoire », ouvrant ainsi la voie à un procès. Selon des sources proches du dossier, Shell avait proposé à l’époque 7,5 milliards de naira (46 millions de dollars) de dédommagements et chaque villageois aurait touché environ 275 000 naira (1 700 dollars) si l’on soustrait une somme forfaitaire devant être versée à la communauté.

(Avec AFP)

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