Touche pas à (aux) Mandela(s)
Faut-il protéger feu Mandela de l’exploitation mercantile ou la famille Mandela de celle des souvenirs de son patriarche ? Polémiques croisées, six mois après les obsèques de Madiba…
Nelson Mandela fait vendre. Depuis longtemps, l’icône de la lutte anti-apartheid est devenue un pictogramme commercial. Du vivant de l’ancien président sud-africain, la "mandelamania" avait déjà engendré une frénésie marchande déclinée sur tout le spectre du merchandising. En avant pour le culte de l’objet estampillé Madiba : tabliers de cuisine des supermarchés Pick’n Pay, pièces d’or, tee-shirts, mugs, gamme de vins, posters, programme de téléréalité ou encore bracelets de la marque de luxe Montblanc estampillés "46664", en référence à son numéro de cellule dans la prison de Robben Island. Et quand l’adoration devient idolâtrie, la contrefaçon n’est jamais loin. En 2005, de faux autographes étaient apposés sur des centaines de lithographies représentant la main du héros. Après avoir déposé, à l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle de Genève, une vingtaine de marques autour du patronyme de Madiba, la Fondation Mandela tente de veiller au grain…
Il y a quelques jours, ce sont carrément les autorités sud-africaines qui tapaient du poing sur la table, faisant résonner leur mécontentement jusqu’à Hong Kong. Objet du courroux : un encart publicitaire pour l’agence de voyages Zuji, paru notamment en première page du grand quotidien anglophone "South China Morning Post". La filiale du site australien de réservation en ligne "Webjet" y associait au mot "Freedom" et au slogan "Zuji travel network" l’image d’un Mandela jovial et volontariste, le poing levé, cliché passée à la moulinette d’un graphisme proche de la plus célèbre des affiches de campagne de Barack Obama. Mais "No, they can’t !" En début de semaine, le consulat sud-africain à Hong Kong obtenait le retrait de la publicité incriminée, contestant toute exploitation à des fins commerciales du héros de la lutte contre l’apartheid. Rapidement, la société Zuji présentait ses excuses, tout en réaffirmant son "grand respect pour le défunt dirigeant sud-africain".
Guéguerres commerciales
Multidimensionnelles, les guéguerres commerciales autour du mythe de Mandela enseignent notamment deux choses : primo, la librairie est l’un des secteurs qui a le mieux surfé sur la popularité bancable de l’icône ; secundo, la propre famille de Madiba n’a pas toujours été au diapason des intérêts du héros. Côté édition, en effet, on ne compte plus les livres sur Nelson Mandela, de l’officiel "Conversations avec moi-même" à une bande dessinée. La toute dernière parution est signée Zelda la Grange. Si l’ancienne assistante personnelle de Madiba a eu la prévenance d’attendre la fin du deuil officiel – du 15 décembre 2013 au 15 juin 2014 -, les révélations fracassantes de Good Morning Mister Mandela confirmeraient l’idée que le culte du défunt ne va pas toujours dans le sens de la valorisation de sa progéniture…
L’ouvrage s’attarde sur les chamailleries des derniers mois, notamment sur les relations des enfants de Madiba avec la dernière épouse du patriarche.
Maintes fois mis à l’index pour une exploitation commerciale outrancière de leur lien avec le héros, certains des enfants Mandela en prennent pour leur grade dans ce témoignage que certains préjugent homologué par la proximité de l’auteure avec son sujet. Proche de Mandela pendant 19 ans, Zelda la Grange est présentée parfois comme sa quasi-fille adoptive.
L’ouvrage s’attarde sur les chamailleries des derniers mois, notamment sur les relations des enfants de Madiba avec la dernière épouse du patriarche. Certains membres de la famille auraient marginalisé Graça Machel, compliquant même l’obtention de l’accréditation de celle-ci à l’enterrement de Qunu. Avant même la sortie du livre, la fille aînée Makaziwe menaçait déjà de porter plainte. Nelson, réveille-toi, ils sont devenus fous !
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Damien Glez
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