Football – Algérie : Zetchi contre Kerbadj, la guerre des chefs
Le torchon brûlait depuis plusieurs mois entre Kheireddine Zetchi, le président de la Fédération algérienne de football (FAF) et Mahfoud Kerbadj, le patron de la Ligue de football professionnel (LFP). Depuis que la première a retiré l’organisation des compétitions à la LFP, le divorce est bien réel.
Ce n’est une surprise pour personne. Depuis que Kheireddine Zetchi a succédé à Mohamed Raouraoua à la présidence de la Fédération algérienne de football (FAF) en mars dernier, ses relations avec Mahfoud Kerbadj, déjà notoirement tendues, sont devenues au fil du temps de plus en plus polaires. La récente décision de la FAF de retirer à la LFP l’organisation – entre autres – des championnats de Ligue 1 et de Ligue 2, est venue confirmer que l’entente entre les deux présidents n’était pas tenable sur la durée.
« Le football algérien traverse une crise dont il n’avait pas besoin », explique un technicien local, qui a accepté de s’exprimer sous couvert d’anonymat. « Il s’agit d’une lutte de pouvoir, entre deux personnes qui ne s’aiment vraiment pas mais qui ont à peu près les mêmes méthodes », souligne un autre entraîneur.
Les deux hommes n’ont jamais pu se supporter
La création d’une nouvelle instance pour gérer le football professionnel devrait intervenir dans les prochains mois.
Des attaques récurrentes
Les deux hommes, malgré quelques sourires de façade devant les photographes, n’ont jamais pu se supporter. Et depuis huit mois, Kheireddine Zetchi et Mahfoud Kerbadj règlent leurs comptent par presse interposée. Le premier ne manque ainsi jamais une occasion de critiquer le calendrier mis en place par la LFP.
« Kheireddine Zetchi s’est régulièrement plaint que des matchs de championnat soient programmés en même temps que ceux de la sélection nationale. Il a également regretté que Mahfoud Kerbadj soit souvent absent des réunions du Bureau fédéral de la FAF, ce que celui-ci nie », ajoute le technicien local.
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Mais Kerbadj a du répondant. « Il a publiquement flingué Zetchi quand celui-ci, tout juste élu, a nommé l’Espagnol Lucas Alcaraz au poste de sélectionneur de l’équipe nationale. Kerbadj a déclaré que c’était une erreur et qu’Alcaraz n’avait pas le niveau », précise notre seconde source.
Zetchi est considéré comme l’homme du ministre des Sports,
Mahfoud Kerbadj est l’ancien président du CR Belouizdad, un club d’Alger, qu’il a quitté en 2011, mais où il est resté très influent. « Et il a vu arriver Zetchi, plus jeune que lui et également ex-président de Paradou [Ligue 2], avec une certaine arrogance, en s’interrogeant sur ses réelles compétences. »
« Cette crise est politique »
Mahfoud Kerbadj et Kheireddine Zetchi disposent d’appuis au plus haut sommet de l’État. « Zetchi est considéré comme l’homme du ministre des Sports, El Hadi Ould Ali, lequel ne voulait plus de Raouraoua, qui avait eu l’audace de déclarer qu’il n’avait plus besoin de l’État, car il avait fait de la FAF une structure solide financièrement », nous explique-t-on.
Cette crise est une question finalement politique. Kerbadj est un brontosaure de l’ancien système
Or, le futur ex-président de la LFP, dont le mandat devait s’achever en juin 2019, est un proche de Raouraoua. « Cette crise est une question finalement politique. Kerbadj est un brontosaure de l’ancien système. Et Zetchi a du mal à trouver une crédibilité, notamment à cause des mauvais résultats de la sélection. Ce qui donne une impression de flou », poursuit un de nos interlocuteurs. « Raouraoua arrivait à régler les problèmes qui pouvaient exister, il parvenait à faire cohabiter des gens qui ne s’appréciaient pas toujours, même s’il a trop négligé le foot local et privilégié la sélection et les binationaux. »
Dans un entretien accordé à nos confrères du site algerie360.com, Mohamed Mecherara, l’ancien président de la LFP et lui aussi proche de Raouraoua, a sévèrement taclé les deux belligérants. « La LFP et la FAF prennent des décisions anarchiques, des choses qu’on ne voit que chez nous. Il n’y a pas de volonté de bien faire, l’entourage est malsain », a-t-il déclaré.
La possible suspension de deux ans à laquelle s’expose le président de la FAF par la Confédération africaine de football (CAF), pour avoir tenu des propos peu amènes à l’encontre du secrétaire général de la CAF le 11 janvier dernier, fait, paraît-il, beaucoup ricaner dans le camp Kerbadj…
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