RDC : en pleine crise politique, Joseph Kabila refonde son parti

Soixante-douze heures après leur adoption, les nouveaux statuts du PPRD, formation politique du président congolais, Joseph Kabila, ont été notariés ce jeudi à Kinshasa. Une refondation qui va s’étendre aussi à la Majorité présidentielle (MP). Explications.

Deux partisans du président Joseph Kabila, le 9 décembre 2011 à Kinshasa. © Jerome Delay/AP/SIPA

Deux partisans du président Joseph Kabila, le 9 décembre 2011 à Kinshasa. © Jerome Delay/AP/SIPA

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Publié le 26 janvier 2018 Lecture : 3 minutes.

Joseph Kabila rebat les cartes au sein de sa formation politique. Avec la nouvelle reconfiguration du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), dont les statuts révisés ont été notariés ce jeudi 25 janvier, certaines têtes vont forcément tomber, d’autres vont émerger.

« La course est lancée, tout le monde veut se retrouver dans les nouveaux organes du parti », confirme un proche conseiller du chef de l’État congolais. Qui aura le premier rôle ? C’est LA question qui taraude les esprits au sein du PPRD. D’autant que les nouveaux textes ont littéralement chamboulé l’organigramme de ce principal parti de la Majorité présidentielle (MP).

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Le PPRD de Kabila cherche son secrétaire permanent

Henri Mova Sakanyi, secrétaire général du PPRD. © DR / Capture d’écran Twitter / PPRD

Henri Mova Sakanyi, secrétaire général du PPRD. © DR / Capture d’écran Twitter / PPRD

Beaucoup reprochent à cet ancien ambassadeur de la RDC en Belgique d’avoir « embourgeoisé le PPRD »

Aux côtés de l’« Initiateur », entendez Joseph Kabila, un président et un secrétaire permanent font leur entrée. Exit le secrétaire général.

Techniquement, le poste ayant disparu dans les nouveaux statuts, Henri Mova Sakanyi, jusqu’ici secrétaire général du PPRD, doit être en train d’expédier les affaires courantes.

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Dans son parti, rares sont des cadres qui croient à sa possible désignation comme secrétaire permanent. Beaucoup reprochent à cet ancien ambassadeur de la RDC en Belgique d’avoir « embourgeoisé le PPRD » et de s’être « trop appuyé sur des structures parallèles et extra-statutaires, à l’instar de Jeunes leaders ou Génération Kabila ».

Pour l’instant, « il [Henri Mova Sakanyi] travaille. C’est un peu comparable au principe de la continuité des services publics », esquive l’ancien ministre Adophe Lumanu qui a piloté le comité restreint chargé de la restructuration de la formation politique.

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Selon lui, « le PPRD ne fait que revenir à la configuration de ses débuts : il y avait déjà un président du parti en 2002, avant que la fonction ne disparaisse ».

Kabila, président du parti demain ?

Joseph Kabila, président de la RDC, à la tribune des Nations unies le 23 septembre 2017. © Craig Ruttle/AP/SIPA

Joseph Kabila, président de la RDC, à la tribune des Nations unies le 23 septembre 2017. © Craig Ruttle/AP/SIPA

Joseph Kabila serait tenté de garder les commandes de sa famille politique, dans l’hypothèse où il se retirait du pouvoir. Ce qui est loin d’être acquis

Mais qui sera le président du PPRD en 2018 ? Est-ce Joseph Kabila lui-même, une fois qu’il aura quitté le palais de la Nation ? L’hypothèse est plus que plausible. Il est stipulé désormais que c’est le président du parti qui « [présente] au Congrès le candidat président de la République », charge à cet « organe suprême » de l’entériner ensuite.

En état actuel de la Constitution congolaise, Kabila, dont le second mandat est arrivé à terme depuis fin 2016, ne peut plus briguer un nouveau quinquennat. Ce qui fait dire à nombre d’observateurs qu’il serait tenté de garder les commandes de sa famille politique pour mieux contrôler la suite des événements. Dans l’hypothèse où il se retirait du pouvoir. Ce qui est loin d’être acquis.

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En cas de vacance à la présidence du PPRD, le nouveau dispositif du parti prévoitun poste de vice-président. Mais « il n’est pas permanent », précise Adolphe Lumanu. Là encore, Kabila reste au centre de la manœuvre. Car « [ce] vice-président est désigné par l’Initiateur du parti à chaque session du bureau politique », peut-on lire dans les statuts révisés. Plus loin, ces textes ajoutent toutefois qu’« en attendant la tenue du congrès du parti, les fonctions de président du parti sont assurées par le vice-président ».

En clair, « les nouveaux statuts ont été confectionnés pour l’après-Kabila. Une fois que le chef de l’État aura passer le flambeau, il redeviendra ainsi le véritable chef de son parti », croit savoir un cadre du PPRD sous couvert d’anonymat.

Des regroupements électoraux au sein de la MP

D’après nos informations, d’autres changements sont également attendus au sein de la coalition au pouvoir. À l’initiative de son « autorité morale », qui n’est autre que le président Kabila, son bureau politique est convoqué ce samedi 27 janvier.

Il s’agira de « mettre en place sept à douze regroupements électoraux pour mieux nous structurer, en prévision des élections législatives du 23 décembre », confie une source proche du dossier.

Sur le papier, la MP compte quelque 250 formations politiques. Mais la plupart ne sont, en réalité, que des « partis-tiroirs, sans militants et sans drapeau », voire sans siège social, comme un enregistrement sonore d’une réunion interne de la plateforme l’avait révélé fin novembre.

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