Maroc – Abderrafie Zouitene : « Fès est une ville qui porte un message de paix »
La 20e édition du Festival des musiques sacrées du monde s’est ouverte vendredi, à Fès. Entretien avec le président de la fondation Esprit de Fès, Abderrafie Zouitene.
Vendredi 13 juin au soir, une nouvelle fois la ville de Fès, haut lieu de pèlerinage cultuel, a célébré l’ouverture de la 20è édition du Festival des musiques sacrées du monde. Pour cette date anniversaire, l’organisation du festival a vu grand et a proposé en guise d’ouverture une création originale, adaptée d’un conte persan du XIIIè siècle, "La conférence des oiseaux" de Farid U-Din Attar.
Pendant plus de deux heures, des artistes venus de tous les continents ont interprété dans une mise en scène inventive, le périple de cette huppe qui a décidé un jour de réunir tous les oiseaux pour les emmener dans un long périple afin de trouver leur roi, en Chine. Ils doivent alors traverser sept vallées qui sont en réalité les étapes d’un cheminement spirituel. Les derniers oiseaux qui vont arriver à destination comprennent alors que le roi recherché, le simurgh, n’est autre que la connaissance de soi. On l’aura compris, la thématique est hautement symbolique, surtout à Fès, cité du brassage des religions et des cultures.
Entretien avec Abderrafie Zouitene, ancien numéro deux de la Royal Air Maroc, actuel directeur général de l’Office national marocain du tourisme et président de la fondation Esprit de Fès.
>> Lire aussi : Au Maroc, c’est la "festival fever" !
Jeune Afrique : Le festival de Fès fête cette année son 20è anniversaire, quel constat faites-vous du chemin accompli ?
Abderrafie Zouitene : Un festival qui fête sa 20è édition, c’est déjà un gage de réussite. Aujourd’hui, on a une présence nationale et internationale, que cela soit au niveau de la presse, des artistes, et, des hommes et des femmes de grande culture qui participent à l’événement. On l’a vu, l’ouverture d’hier soir était exceptionnelle, et de ce que je sais, il y a encore plus de festivaliers que les années précédentes. Le travail accompli par l’équipe et l’ensemble de la fondation est remarquable. Mais aussi celui des habitants de Fès, parce que ce festival qui leur appartient. Ils le se sont appropriés. C’est la clé de la réussite.
Pour quelqu’un qui ne serait jamais allé à Fès, comment décririez-vous cette ville ?
C’est une ville qui a une histoire, une très grande culture, une âme. Il suffit d’entrer dans la médina pour s’en rendre compte immédiatement. C’est également une ville qui est caractérisée par l’ouverture sur l’Autre, par la tolérance, qui permet ce brassage des religions et des cultures. La ville porte donc en elle un message de paix.
C’est une ville très hospitalière, comme l’est d’ailleurs tout le Maroc. D’ailleurs, pour la première fois le Conseil d’administration de Safran [équipementier français en aéronautique, NDLR] a tenu sa réunion internationale à Fès et des conventions ont été visées sur la recherche entre le groupe et quatre universités marocaines. Que cela se passe au Palais Mnebhi, et surtout à Fès, c’est une formidable symbolique.
Quelles sont vos projets pour l’avenir du Festival ?
Je pense qu’un festival a toujours besoin de se renouveler. Au niveau du Forum du Festival des musiques sacrée du monde de Fès, nous voulons développer des thématiques qui intéressent davantage les jeunes. Avec la fondation Esprit de Fès, nous allons essayer de développer d’autres événements. Nous avons en chantier un festival des arts culinaires. C’est tout à fait légitime parce que la cuisine marocaine, et la cuisine fassi, a une réputation internationale. Nous avons aussi en projet un festival autour de l’artisanat, qui est tout aussi légitime à Fès. Nous souhaitons également donner plus d’ampleur au Festival de la musique andalouse.
Enfin, nous avons en projet un quatrième festival qui va essayer d’ancrer un peu plus l’africanité dans la ville. Fès a une relation forte avec la Tariqa Tidjaniya, qui compte 300 millions d’adeptes, dont le cheikh fondateur est enterré ici. Nous allons travailler pour développer un tourisme cultuel chez l’habitant à destination de ces adeptes, et pour ce faire, développer les vols directs sur Dakar.
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Propos recueillis par Jean-Sébastien Josset
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